Conformité, Fiabilité, Portée

Noms de domaine - Conformité, Fiabilité, Portée

On m’avait dit que dans la vie, il fallait respecter trois éléments par ordre croissant : la santé, la famille, le travail. Pour les noms de domaine, il est possible de respecter un triptyque similaire face aux nombreuses interrogations que l’on se pose quant à sa campagne de communication sur Internet. Ce triptyque, C-F-P, est à garder à l’esprit :

Conformité :

Il est important de se demander si le nom de domaine que vous souhaitez acquérir est en conformité avec les règles d’enregistrement du registre. Car oui, sur Internet, il y a une territorialité. Souvenons-nous de Elsevier qui tenta de saisir SCI-HUB.ORG via un tribunal américain (car .ORG est géré par un registre états-unien). Souvenons-nous également des noms de domaine en .CAT et de l’action du gouvernement ibérique face à la demande d’indépendance de la Catalogne.

Fiabilité :

Dans un monde intangible, les noms de domaine peuvent sembler être dotés de super-pouvoirs et de compétences technologiques identiques. Pourtant, les évènements politiques, climatiques et technologiques nous rappellent que toutes les extensions ne disposent pas de la même stabilité supposée. Avant de communiquer avec une adresse, il convient de se poser la question la plus importante : est-ce que mon adresse est robuste ? Est-ce que :

  • L’extension choisie pour mon nom est gérée par un registre sérieux ?
    • .COM, c’est Verisign, entreprise américaine reconnue et qui gère un des treize serveurs racine ;
    • .DE c’est le DENIC, registre allemand certifié ISO 27001 et ISO 22301 ;
  • Mes noms de domaine sont-ils administrés par un registrar fiable ?
    • Nameshield est un registrar certifié ISO 27001 qui gère de nombreuses extensions,…

Portée :

L’utilisation d’un nom de domaine comportant une extension pays implique une zone de chalandise fixe, exception faite de certaines extensions détournées et devenues génériques. Ainsi, faire le choix de communiquer en .FR vous lie à la France. (L’AFNIC, le registre français du .FR, communique actuellement via l’initiative Réussir en .FR).Un .COM ou un .NET sera plus générique.

 

Nous développerons plus longuement dans un prochain article l’assurance qualité liée à la bonne gestion d’un nom de domaine.

Conséquences désastreuses du non renouvellement d’un nom de domaine

Conséquences désastreuses du non renouvellement d’un nom de domaine
Source de l’image : SEO Link Building

La société américaine de Télécommunication, Sorenson Communication, a oublié de renouveler un nom de domaine seulement quelques jours en juin 2016. La décision est tombée fin septembre 2017, Sorenson Communication doit payer une amende de 3 Millions de dollars. Pourquoi un montant aussi élevé ?

Le nom de domaine qui est retombé dans le domaine public était porteur d’un service critique pour certains usagers ! Il s’agit du « Video Relay System » que les entreprises de télécommunication doivent fournir aux sourds et aux personnes avec des déficiences vocales pour faire des appels vidéo et contacter le numéro d’urgence des Etats-Unis, le 911, en utilisant la langue des signes. Les résidents de l’Utah présentant ces handicaps se sont vus dans l’incapacité d’appeler le 911 pendant 3 jours !

Sorenson Communication s’est en effet rendu compte assez tardivement de son oubli et a fini par renouveler le nom de domaine seulement au bout de 3 jours.

Mais ce genre d’oubli peut être facilement évité, grâce à l’option « renouvellement automatique » pour l’ensemble de votre portefeuille de noms de domaine. Vos noms de domaine critiques, porteurs de services, de site web et/ou de messageries ne seront pas interrompus par un simple oubli de renouvellement.

Sur les 3 millions de dollars d’amende, 252 000$ sont reversés à « The Federal Communication Commission » et 2,7 millions, à la société de « Telecommunications Relay Services Fund », qui a trouvé une solution temporaire pour louer sa bande passante lors de ces 3 jours sensibles.

Donuts rachète Rightside: quelles conséquences sur les programmes DPML ?

Donuts rachète Rightside : quelles conséquences sur les programmes DPML ?

Au lancement des nouvelles extensions internet, l’opérateur DONUTS, le plus gros déposant d’extensions (.services, .legal, .photos, .vin etc) avait lancé un programme de protection spécifique en complément de la TMCH.

La Donuts Protected Mark List (DPML) permet de bloquer l’enregistrement par les tiers d’un nom de domaine similaire à la marque sous toutes les extensions gérées par le registre.

Par exemple, si la marque « iPhone » est inscrite à la TMCH (pré-requis) puis dans la DPML, personne ne pourra enregistrer <iphone.photos> ou <iphone.services>, ainsi que la centaine d’autres extensions Donuts.

D’autres registres ont également créé des programmes de protection à l’instar de la DPML de Donuts, sur des périmètres plus restreints. C’était le cas de Rightside qui gérait les 40 extensions :

.ACTOR

.AIRFORCE

.ARMY

.ATTORNEY

.AUCTION

.BAND

.CONSULTING

.DANCE

.DEGREE

.DEMOCRAT

.DENTIST

.ENGINEER

.FAMILY

.FORSALE

.FUTBOL

.GAMES

.GIVES

.HAUS

.IMMOBILIEN

.KAUFEN

.LAWYER

.LIVE

.MARKET

.MODA

.MORTGAGE

.NAVY

.NEWS

.NINJA

.PUB

.REHAB

.REPUBLICAN

.REVIEWS

.RIP

.ROCKS

.SALE

.SOCIAL

.SOFTWARE

.STUDIO

.VET

.VIDEO

Fin juillet, Donuts a annoncé le rachat de Rightside.

Quels sont les impacts de ce rachat pour les détenteurs de ces deux programmes de protection ?

  • La DPML intègre désormais les extensions de Rightside, sans coût supplémentaire.
  • Il n’est plus possible de souscrire uniquement au programme de Rightside, il faudra se tourner nécessairement vers la DPML de Donuts.
  • Cela ne protège pas les noms précédemment enregistrés par des tiers.
  • Cela exclut les noms de domaine premiums.

Si vous souhaitez enregistrer votre marque dans la TMCH et/ou dans la DPML, n’hésitez pas à contacter votre interlocuteur chez Nameshield.

La tempête Irma et ses conséquences inattendues sur l’industrie des noms de domaine

Irma hurricane - conséquences inattendues sur l’industrie des noms de domaine
Source : NASA Worldview

.TV, c’est la télévision, .FM, la radio FM, .IO les entreprises de la tech’,…

En fait non. En fait oui mais non. Ces codes ne désignent pas des secteurs d’activité mais des territoires selon l’ISO 3166-1 alpha 2 :

  • TV pour Tuvalu, un état polynésien ;
  • FM pour Federated States of Micronesia ;
  • IO pour British Indian Ocean Territory.

Pourquoi un tel mélange des genres ? En fait, noms de domaine et géopolitique font un tout.

Lorsque vous communiquez avec un nom de domaine en .COM, vous faîtes confiance à Verisign, une entreprise américaine. Avec un .FR, c’est l’AFNIC ! Pour le .TV, rien à craindre, cette extension est techniquement déléguée à Verisign. Et pour le .IO, on dira que l’infrastructure est assez résiliente. Pourquoi évoquer cette réalité ?

Tout simplement car la géopolitique étant mouvante, des événements politiques ont fréquemment coupé les extensions de noms de domaine. C’est le cas du .LY qui correspond à la Libye. Des professionnels du Sud-Ouest qui communiquaient en .SO se sont par exemple retrouvés démunis lorsque la Somalie a coupé son infrastructure DNS pendant quelques temps.

Justement, c’est ce qui se passe avec les .AI. AI pour Artificial Intelligence ? Pas du tout, c’est le code pays d’Anguilla, un territoire durement touché par l’ouragan Irma. Ainsi, de nombreuses entreprises utilisant des noms de domaine en .AI ont rencontré des difficultés pour enregistrer, gérer ou renouveler leur nom de domaine.

Mais alors comment faire ? C’est justement ce qui est passionnant dans cette industrie immatérielle : si aucun guide n’est disponible pour suivre en temps réel les mouvements géopolitiques et les conséquences sur les disponibilités DNS des registres, Nameshield vous informe en temps réel.

N’hésitez pas à nous contacter en cas d’interrogation.

.BRAND : 4 épisodes, de quoi tenir tout l’été

. brand : 4 épisodes, de quoi tenir tout l’été
Photo : CC BY-SA 3.0 Nick Youngson – source : http://nyphotographic.com/

Acte 4 : la reconstruction

Alors qu’une myriade de nouvelles extensions étaient ouvertes à l’enregistrement, l’heure était au choix des enregistrements .COM, .CM, .OM, .CO ou .CAM ? .FR ou .FRL ?

La décision de déposer ses marques dans toutes les nouvelles extensions a bien sûr un coût élevé et n’est qui plus est pas nécessairement judicieux.

C’est aussi pourquoi certaines marques ont choisi un .BRAND : son propre TLD, sa propre souveraineté, ses propres règles de gestion ! De nombreuses marques ont opté pour cette configuration et l’on peut aujourd’hui voir fleurir du .BNPPARIBAS, .ALSTOM, .SNCF, .LECLERC, .GOOGLE,…

Cette réflexion vis-à-vis des .BRAND a parfois été mal menée : certaines marques ont aujourd’hui abandonné leurs propres TLD, comme McDonald’s. L’ICANN tient d’ailleurs une liste de ces TLD, accompagnée des lettres très formelles des entreprises demandant à supprimer la zone de confiance, historiquement si coûteuse. Cela me rappelle The Fallen Astronaut. On pourra dire que l’abandon de ces TLDs servira aux autres à se construire. Un bon général utilise la force de l’ennemi comme disait Sun Tzu !

Ces abandons montrent que les entreprises concernées n’ont pas vu aujourd’hui les bénéfices qu’elles pouvaient en tirer au regard des coûts associés à la création et à la gestion d’un .BRAND. D’autres, plus audacieuses, en ont découvert l’intérêt et/ou imaginent découvrir des opportunités de service nouvelles leur permettant d’avoir un contrôle accru sinon total sur leurs infrastructures à venir à forts enjeux, de type Internet des Objets, Industrie 4.0,…

Attendons les premiers objets connectés et le déploiement d’une réelle infrastructure autour d’un .BRAND résilient et nous verrons !

Lire l’acte 1 : Le déni (et la colère)

Lire l’acte 2 : L’expression

Lire l’acte 3 : La dépression

.BRAND : de l’importance de la stratégie digitale, ou le cas de McDonald’s

McDonald’s ! Le symbole de la mondialisation : de l’invention du service express par les frères éponymes à sa franchisation réussie par Ray Kroc (je vous conseille d’ailleurs le film The Funder), McDonald’s est un exemple de réussite entrepreneuriale d’après-guerre. Le BigMac, le Filet o’Fish ? Ce sont des inventions de franchisés que le siège a accepté de développer dans le monde entier. Un modèle d’innovation.

Qu’en est-il de leur stratégie numérique ? Lorsque Internet arrive et que tout le monde en parle, un journaliste de Wired contacte McDonald’s pour leur expliquer que Burger King pourrait enregistrer mcdonalds.com. McDonald’s ne l’enregistrera pas pour autant. Le journaliste le fera et la firme US, après avoir tenté de le récupérer, finira par donner 3500 USD à une école sous la forme d’équipement informatique.

Chat échaudé craint l’eau froide. McDonald’s s’impose à compter de cet événement une politique préventive d’enregistrement de noms de domaine, soit une stratégie de nommage : goldenarches.com, mcd.com, bigmac.com,… Si RayKroc.com et mcdo.com sont déjà cybersquattés, la mise en œuvre de règles de dépôts défensifs est en marche.

Ainsi, lorsque le programme des new gTLD est lancé en 2012, McDonald’s est candidat et remporte le .MCD et le .MCDONALDS (MCD est utilisé en interne pour la messagerie électronique).

 

.brand - cas McDonald's
Illustration 1: Page d’accueil de NIC.MCD

 

On remarquera le faible développement sur la page d’accueil du .MCD, cette dernière se limitant aux obligations de l’ICANN quant à la présentation du TLD.

 

.brand, cas de McDonald's - Service WHOIS du .MCDONALDS
Illustration 2: Service WHOIS du .MCDONALDS

 

Le service Whois du .MCDONALDS permet ainsi l’identification du titulaire, même si, tel qu’il a été présenté dans le dossier pour l’ICANN, le .MCDONALDS n’a pas vocation à être une extension ouverte.

Il est intéressant de constater à la lecture du Whois, l’application d’une gestion conjointe des départements marketing et propriété intellectuelle :

  • Premier contact : Division IP, Eric William Gallender, ‘Senior Intellectual Property Counsel’
  • Deuxième contact : Division marketing, Anja Morrison Carroll, ‘Senior Director, Marketing’

Dans les motivations de l’entreprise à bénéficier d’un .MCD et un .MCDONALDS issues d’un document public, on retrouvera la volonté à recréer de la confiance. McDonald’s met en avant ses dépôts en gTLD, ccTLD et dépôts préventifs (.XXX entre autres).

Enfin, les engagements avancés par McDonald’s sont nombreux :

  • Apporter une référence simple et intuitive et un point d’accès aux internautes ;
  • Représenter une authenticité et ainsi promouvoir la confiance des utilisateurs ;
  • Diriger les internautes vers des informations et des produits pertinents localement ;
  • Utiliser les noms géographiques appropriés pour se connecter avec les internautes dans les régions pertinentes ;
  • Utiliser potentiellement des IDNs pour que les clients puissent interagir dans leur langue maternelle ;
  • Accroître la sécurité et minimiser les risques de sécurité en mettant en place les nécessaires mesures techniques et politiques ;
  • Renforcer la réputation de la marque et la confiance de l’utilisateur en éliminant la confusion de l’utilisateur ;
  • Empêcher des potentiels abus dans la procédure d’enregistrement, réduisant le coût global pour les entreprises et les utilisateurs.

Pourtant, le 2 mai 2017, une lettre signée du VP Global Brand Marketing, Colin Mitchell, annonce un retour en arrière : c’est la fin pour les deux TLDs.

Aucune raison n’est évoquée pour justifier ce retrait et le service juridique de McDonald’s n’a pas répondu aux demandes de communication.

 

.brand - Lettre de McDonald's
Illustration 3: Lettre de McDonald’s

 

McDonald’s n’a pas su faire de ces deux TLDs plus qu’un espace de confiance pour les sites Internet : un .BRAND, oui, mais il est nécessaire d’avoir une réelle stratégie de déploiement et d’utilisation.

Créer un .BRAND avec pour seul objectif la défense de la propriété intellectuelle ne semble, sous cet éclairage, pas être une tactique payante. Le succès d’un .BRAND est avant tout conditionné par une véritable stratégie, et son développement nécessite d’anticiper, bien en amont, l’usage qui va en être fait, tout comme ses implications en termes de communication digitale et commerciale.

Un premier rapport très attendu sur les malwares dans les nouvelles extensions

Un premier rapport très attendu sur les malwares dans les nouvelles extensions

Alors que le sort de 25 nouvelles extensions non encore déléguées reste à sceller, soit environ 2% de l’ensemble des extensions retenues lors du round d’ouverture actuel, l’ICANN vient de publier une étude sur la proportion de domaines malveillants dans les nouvelles extensions lancées après 2012.

L’étude a été demandée par la Competition Consumer Trust and Consumer Choice Review Team (CCTRT), arcane de l’ICANN dont le rôle est de faire des recommandations sur l’impact des nouvelles extensions sur la concurrence, le choix et la confiance des utilisateurs. En définissant les paramètres de l’étude, le CCTRT a cherché à mesurer les taux des formes communes d’activités abusives dans le système de noms de domaine, comme le spam, le phishing et la distribution de logiciels malveillants.

Pour rappel le phishing ou hameçonnage est une technique utilisée par des fraudeurs pour obtenir des renseignements personnels dans le but de perpétrer une usurpation d’identité.

Quelles sont les bases de cette étude ?

L’étude a été conduite par SIDN, le registre de l’extension des Pays-Bas ainsi que l’Université de Technologie de Delft également située aux Pays-Bas. Elle a été réalisée sur une période allant de 2014 à 2016 grâce à un accès aux fichiers de zone consenti par l’ICANN à ces deux entités.

Elle a porté sur l’analyse de plus de 40 millions de noms dont 24 millions de noms enregistrés dans les nouvelles extensions et 16 millions dans les extensions génériques historiques : .com, .net, .org, .biz et .info. Pour les nouvelles extensions, elle a visé les extensions qui ont proposé une phase d’enregistrement Sunrise pour les détenteurs de marques. Cette étude a donc in fine concernée peu de registres de .BRAND dans la mesure où ces derniers n’ont pas besoin de faire de période Sunrise.

Les deux entités ont fait leurs propres mesures pour détecter des usages malveillants et les données ont été recoupées avec onze listes hétérogènes référençant des domaines et URLs identifiés comme malveillants qui ont été fournis par cinq organisations spécialisées.

Quels sont les enseignements de cette étude ?

En ce qui concerne le phishing et les logiciels malveillants, l’étude montre une convergence des proportions observées entre les nouvelles extensions et celles des extensions génériques historiques. Sur les extensions génériques historiques toutefois les taux tendent à rester stables alors que ceux des nouvelles extensions augmentent.

Une forte disparité apparaît en revanche sur le spamming. A fin 2016, les proportions de domaines concernés sont près de dix fois plus élevées sur les nouvelles extensions génériques : 526 sur 10000 noms contre 56 sur 10000 noms. Les tendances montrent par ailleurs un report des cybercriminels vers les nouvelles extensions.

L’analyse montre que près de la moitié des dépôts identifiés dans des activités de spamming sur les trois nouvelles extensions les plus concernées proviennent de cybercriminels connus et d’utilisateurs blacklistés par Spamhaus. Spamhaus est une organisation internationale non gouvernementale dont l’objet est de traquer les spameurs.

Ces phénomènes ne concernent toutefois pas toutes les nouvelles extensions puisque 36% n’ont pas connu d’usage malveillant lors du dernier trimestre de 2016.

L’étude montre également que les registres qui se concurrencent en tirant leurs prix vers le bas dans l’optique de faire du volume, sont ceux qui sont les plus prisés par les cybercriminels. Outre des prix d’enregistrement de domaine compétitifs, des pratiques d’enregistrement non restrictives, une variété d’autres options d’enregistrement comme la multitude des méthodes de paiement disponibles, des services gratuits comme le DNS ou les services de masques WHOIS sont autant d’autres facteurs recherchés par les cybercriminels.

Quel est l’impact du DNSSEC sur les pratiques malveillantes ?

Alors que le protocole sécurisé DNSSEC est en plein essor, les entités mandatées par l’ICANN pour ce rapport ont également analysé comment les propriétés structurelles et la sécurité des opérateurs de nouvelles extensions influencent les usages malveillants de domaines. Comme attendu, le DNSSEC joue un rôle statistiquement significatif et incite à déployer plus largement le protocole, sur d’autres extensions. Les extensions supportant DNSSEC sont en effet moins la cible de tels agissements.

Et après ?

L’étude va être ouverte à commentaires jusqu’au 19 septembre prochain. Les entités qui l’ont conduites entendent aussi analyser plus en détails les éventuelles corrélations entre les règles d’enregistrement et les pratiques malveillantes.

Le CCTRT va ensuite émettre des recommandations auprès de l’ICANN pour endiguer les pratiques malveillantes que l’ICANN peut ensuite transformer en autant de nouvelles obligations pour les opérateurs de registre de nouvelles extensions. Cette fois en revanche tous les registres risquent d’être concernés, .BRAND donc y compris. NAMESHIELD va suivre ce sujet de près.

 

 

.BRAND : 4 épisodes, de quoi tenir tout l’été

. brand : 4 épisodes, de quoi tenir tout l’été
Photo : CC BY-SA 3.0 Nick Youngson – source : http://nyphotographic.com/

Acte 3 : La dépression

 

Il y a encore cinq ans, le nombre d’extensions de noms de domaine était correct : moins de 500. Il était encore possible d’enregistrer sa marque et le nom de son entreprise dans l’extension de son choix et de visualiser les dépôts frauduleux. Les attaques étaient peu communes et l’on se défendait lorsque des petits malins faisaient des dépôts litigieux. Certaines extensions n’acceptaient d’ailleurs que des sous-domaines, tel que l’Australie et le Royaume-Uni. Impossible d’enregistrer à la racine et impossible surtout d’enregistrer sans avoir de droit quelconque : .CO.UK pour les entreprises, .AC.UK pour le monde académique,…

Mais ça c’était avant.

 

Saga noms de domaine en .brand - Nombre TLD délégués

 

Arrivèrent ensuite quelques extensions génériques et si les rares extensions créées ne causèrent que peu de problème (.MUSEUM, .MOBI, .AERO,…), ce ne fut pas le cas du millier de nouvelles extensions déléguées suite au programme des new gTLDs ouvert le 12 janvier 2012. Bien que des marques aient déposé des .BRAND ou .SOCIETE pour protéger leurs territoires, de nombreuses extensions étaient ouvertes et la course à l’enregistrement permit à certains de créer de gros dégâts. L’enregistrement de BLOOMBERG.MARKET et de VINCI.GROUP en sont deux exemples particulièrement médiatisés.

Aujourd’hui, la gestion des noms de domaine est gérée par des personnes dédiées à cette activité, majoritairement au sein des départements juridique, marketing et SI.

Mais alors que faire ? Enregistrer son nom de domaine dans toutes les extensions ? Dépenser une somme importante en procédures de récupération de noms de domaine ? Un entre-deux ?

Des alternatives intéressantes sont nées de l’ouverture des new gTLDs :

  • Créer une extension fermée avec des sous-domaines permettant de retrouver le lien identification-confiance, tel que le projet du .FX que j’ai présenté voici quelques jours à NetWare2017 ;
  • Créer sa propre extension : certaines le font déjà très bien, telles que .BNPPARIBAS ou .LECLERC ;
  • Aider l’internaute final et c’est le projet du CEO de Nameshield à travers Brandsays, une extension pour navigateur.

Si les marques continuent à déposer légitimement des noms de domaine, elles développent également d’autres moyens d’accès, tels que le SEO ou les réseaux sociaux.

Alors que l’INTA dans sa récente étude mettait en avant des chiffres impressionnants concernant les actions défensives, il convient de se poser la bonne question pour la bonne action. Nous verrons ainsi dans le quatrième et dernier épisode de cette saga de l’été, comment comprendre la stratégie d’un .BRAND.

 

Lire l’acte 1 : Le déni (et la colère)

Lire l’acte 2 : L’expression

Lire l’acte 4: La reconstruction

.BRAND : 4 épisodes, de quoi tenir tout l’été

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Photo : CC BY-SA 3.0 Nick Youngson – source : http://nyphotographic.com/

Acte 2 : L’expression

 

Nous en étions restés à l’époque où les marques n’ont pas senti le vent tourner, les techniques évoluer et les noms de domaine déposés. (Lire l’acte 1 : Le déni (et la colère))

L’exemple McDonalds est en ce sens intéressant. En 1994, Wired, magazine américain créé un an plus tôt, communique sur le cas de mcdonalds.com. Joshua Quittner, journaliste chez Newsday, contacte McDonald’s pour leur demander si l’enregistrement de mcdonalds.com les intéresserait. Pas ou peu de réponse. Il enregistre le nom, contacte McDonald’s qui ne lui répond pas. Puis publie son article sur Wired en mettant en adresse de contact ronald@mcdonalds.com.

McDonald’s se plaint et Quittner demande une donation pour les œuvres de charité : ce sera 3500 USD pour l’équipement en informatique d’une école de New York.

Noms de domaine mcdonalds.com - .brand: 4 épisodes de quoi tenir tout l'été

 

On se souviendra en analogie d’un ouvrier russe demandant un cadeau à Vladimir Poutine : ce dernier ne pouvant refuser face à la caméra, lui offrira sa montre, d’une valeur d’un an de salaire.

Les attaques virulentes des marques sont légion pour récupérer les noms de domaine de petits plaisantins, dont certains sont internes à l’entreprise, tel est le cas pour mtv.com.

Les marques se fédèrent entre elles, contactent l’ICANN afin de développer des procédures simplifiées, même si, selon le fameux trademark dilemna, l’organisme américain était au courant depuis longtemps du risque de cybersquatting.

Du côté des juristes, des formations se lancent de chaque côté de l’Atlantique et les UDRP, SYRELI, URS et autres se développent afin de défendre les territoires numériques.

La France, connue depuis longtemps comme un pays adepte des marques, ne se laissera pas faire et est aujourd’hui le deuxième pays au monde en termes de résolutions de litiges concernant les noms de domaine.

Ainsi, dans le territoire virtuel, et à contrario du réel, la police est financée par les marques. Les titulaires de territoire, assimilables à des pays, ne font rien ou presque : récupérer un .Fr peut être faisable via une procédure SYRELI alors que chez nos amis d’outre-Rhin, aucune procédure alternative n’existe : pour demander son .DE, c’est le tribunal ou rien.

Malgré tout, une économie de défense de marques s’organise et un écosystème y est ainsi développé. Tout semble bien se passer, jusqu’à l’arrivée des nouvelles extensions, appelée dans le milieu, le premier round….

 

Lire l’acte 3 : La dépression

Juillet noir pour le .xyz

New gTLD- .XYZ non renouvelé

Le leader en volume des nouveaux gTLDs a vu son fichier de zone réduit de plus de la moitié.

Alors qu’il démarrait son mois de juillet avec plus de 5,2 millions de noms de domaine enregistrés dans sa zone, il n’en comptait plus que 2,5 millions le lundi 17, laissant pendant ce temps le .top revenir au sommet.

Comment expliquer un tel phénomène ?

Tout d’abord, l’extension multigénérationnelle n’échappe pas à la loi du non renouvellement.

Une année après avoir déposé massivement au tarif dérisoire de 0,01$ ou même reçu gratuitement leurs noms de domaine en .xyz, les acquéreurs ne renouvellent tout simplement pas ces derniers, d’où un fichier de zone considérablement diminué.

Enfin et surtout, une grande partie des non-renouvellements vient de l’interdiction faite aux registres par le Ministère Chinois de l’Industrie et des Technologies de l’Information de vendre des .xyz.

Or, la moitié des noms de domaine enregistrés en .xyz était détenue par des Chinois.

L’affaire serait en cours de résolution, le .xyz n’a donc pas encore tapé son point final.