Comment je suis devenu un professionnel de l’air en 15 minutes

Ma grande passion, c’est l’aéronautique. Petit, je me voyais déjà pilote de ligne lorsque je lançais ces petites feuilles A4, pliées dans la meilleure configuration qu’il soit[1] pour voler en travers de la classe d’école. Malheureusement, une vue défaillante aura raison de mon ambition et je dus ainsi abandonner tout espoir de me présenter un jour comme pilote.

Plus tard, le visionnage d’Attrape-moi si tu peux, montrant[2] Léonardo DiCaprio interpréter un fraudeur se prenant pour un pilote de la Panam me rappellera mes souvenirs d’enfant.

Aujourd’hui, travaillant dans les noms de domaine, je ne peux bénéficier d’un GENTY.AERO, qui m’aurait permis d’afficher un statut de pilote aux grands de ce monde. Cependant, la DGAC vint à mon secours rapidement.

C’est en effet en lisant un article du Monde[3] présentant la nouvelle formation des pilotes de drone que l’espoir qui m’avait tant habité revint.

nom de domaine .AERO
Un titre bien français

La Direction Générale de l’Aviation Civile a récemment mis en place une plateforme permettant de passer la formation pour devenir télépilote d’aéronef civil circulant sans personne à bord utilisés à des fins de loisir et je me ruais ainsi sur le site de cette dernière[4].

La vidéo de formation de la plateforme de la DGAC
La vidéo de formation de la plateforme de la DGAC

Quinze minutes de visionnage de vidéo sans l’obligation d’être derrière l’écran, un test de 20 questions avec ces dernières toujours dans le même ordre : il ne m’en fallait pas plus pour devenir pilote de drone d’une masse inférieure à 2 kilogrammes.

L’objet de toutes les convoitises
L’objet de toutes les convoitises

Le test obtenu, Ô surprise, je pus nonchalamment présenter de manière ostentatoire mon nouveau diplôme dans un écrin de toute beauté.

Une fois ma vocation de pilote assouvie, il ne me restait plus qu’à obtenir mon nom de domaine en .AERO

L’entreprise gérant le .AERO[5], à savoir la SITA, Société internationale de télécommunication aéronautique, demande une preuve de formation de pilote. Gardons à l’esprit qu’il s’agit d’une extension fermée et donc réservée au secteur aéronautique.

Je pus joindre le PDF de mon diplôme et une journée plus tard, l’heureuse réponse vint : je peux désormais bénéficier de mon nom de domaine en .AERO

L’heureuse confirmation
L’heureuse confirmation

Voilà, en quinze minutes de formation/test, je pus obtenir un .AERO et être considéré comme n’importe quel acteur du secteur aéronautique. Si l’anecdote fait sourire sur les conditions du test, il n’en reste pas moins qu’il s’agit ici d’un exemple d’une extension dite fermée mais qui s’avère s’ouvrir rapidement.

Et oui, n’oublions pas que le registre vit des enregistrements de noms de domaine, et non d’une hypothétique confiance sur Internet.

Un parc de 3600 noms de domaine made in Trump

En 20 ans, le Président américain aurait déposé un total de 3643 noms de domaine, selon une enquête menée par CNN. Un parc de noms de domaine colossal montrant que Donald Trump, soucieux de la préservation de son image en ligne, a mené une politique de gestion de ses actifs immatériels relativement proactive et ce bien avant semble-t-il la naissance de ses ambitions présidentielles.

Dès 1997, Donal Trump entame la protection de son identité numérique avec l’enregistrement de l’évident DonaldjTrump.com, suivront de nombreux dépôts relatifs à son patronyme ou à ses activités professionnelles tels que TrumpOrganization.com ou trump.com.

L’homme d’affaire a également au fil des années déposé les noms de domaine composés de termes négatifs associés à son nom qui auraient pû lui desservir si enregistrés par des opposants ou adversaires, tels que trumpfraud.com (Trump fraudeur), trumpscam.com (Trump escroquerie), ou encore donaldtrumpSucks.com (Donald Trump Craint.com), déposé par un domainer et racheté par le businessman dès sa retombée dans le domaine public en 2014.  Amusant, l’habitué des dépôts de plaintes avait également acquis ImBeingSuedByTheDonald.com (Le Donald Me Poursuit En Justice).

Dès ses débuts en politique, le Président a enrichi son portefeuille de nombreux noms qui auraient pu servir à créer des sites en sa défaveur, tels que VoteAgainstTrump.com (Votez contre Trump), TrumpMustGo.com (Trump doit partir), and NoMoreTrump.com (Trump, ça suffit). Notons d’ailleurs que le dépôt du slogan de campagne de Trump, MakeAmericaGreatAgain.vote et MakeAmericaGreatAgain.us, avaient été déposés dès 2015, deux mois avant l’annonce officielle de sa candidature. Il semblerait que l’on puisse parfois lire dans les whois des noms de domaine comme dans un livre ouvert.

Un nom de domaine racheté 1,5 millions de dollars : un investissement expliqué par l’acquéreur

rachat de nom de domaine

Selon la valorisation d’un nom de domaine existant, son rachat peut représenter un investissement conséquent. De quelques centaines à plusieurs milliers d’euros, des cas plus rare de transaction colossale existent également.

Dernièrement, le cas d’une acquisition pour un montant digne des cas d’école en la matière de 1,5 millions de dollars a été rendue publique. Noah Kagan, co-fondateur de SUMO.COM explique que le jeu en vaut parfois la chandelle dans une récente interview parue sur le site entrepreneur.com[1].

En effet, ancien cadre chez Facebook et créateur de Sumo (outil de web-marketing qui connait un franc succès), Noah a dépensé 1,5 millions de dollars pour racheter le nom de domaine qu’il espérait tant et ainsi « rebrander » sa société sumoMe.com en Sumo.com.

Après 7 ans de tentative d’acquisition du nom sumo.com, une multitude de mails au titulaire, de rachat de noms approchant pour se rassurer (comme SumoS.com), ce chef d’entreprise a enfin pu reprendre la titularité du nom pour l’équivalent, comme il le souligne dans l’article, du prix de cinq maisons à Austin où sa société est basée !
Voici les arguments de Noah Kagan expliquant sa stratégie et la raison de cet investissement conséquent :

– C’est juste un mot. Il y a un vrai choix stratégique à communiquer sur le web via un seul et unique mot. De la même manière que Mark Zuckerberg a beaucoup investi pour transformer thefacebook.com en facebook.com, Noah estime que la communication d’un seul nom a beaucoup plus d’impact et de prestige aux yeux des internautes.

– C’est un nom de domaine court, en quatre lettres. Plus un mot est court, plus il est identifiable, mémorisable et surtout, ce mot inspire confiance

– La distinction via le nom. Noah raconte que beaucoup d’entreprises communiquent avec « sumo » au contenant ou approchant dans leurs noms de domaine. Mais grâce à l’acquisition de sumo.com, Noah communique fièrement sur sa marque et peut dire sans scrupules « We are the Sumo.com »

Pour toute estimation et valorisation, n’hésitez pas à contacter les experts Nameshield.

[1] https://www.entrepreneur.com/article/288629

Game over HTTP, welcome HTTPS

Chrome 56 et Firefox 51 sont arrivés et sonnent le glas de l’ère du HTTP.

Annoncée depuis longtemps, l’apparition des termes « Non sécurisé » dans la barre d’adresse est maintenant effective pour toutes les pages contenant la saisie de mots de passe qui seraient encore en HTTP.

Plus qu’un long discours, voilà à quoi cela peut ressembler sur un site à très fort trafic :

Traitement HTTP sur la page d’accueil du site, à gauche Chrome 56, à droite Firefox 51, depuis le 27 janvier 2017
(Traitement HTTP sur la page d’accueil du site, à gauche Chrome 56, à droite Firefox 51, depuis le 27 janvier 2017)

Nous vous laissons imaginer les conséquences sur l’image de marque qui n’offre pas la sécurité attendue à ses internautes peu enclins à poursuivre leur navigation avec de telles alertes : perte de confiance, baisse des taux de clic et conversion, augmentation du taux de rebond et, au final, perte de chiffre d’affaires au profit d’autres sites web. Dramatique.

N’oublions pas non plus que les pages concernées pour l’instant sont uniquement celles contenant des données à sécuriser (mot de passe, paiement en ligne), mais que la volonté des deux géants du web est de considérer à l’avenir toutes les pages en HTTP comme « Non Sécurisé », affiché en rouge.

Pas de calendrier annoncé pour l’instant, mais la machine est en marche comme l’a confié Emily Schechter, chef de produit Chrome Security dans son fameux post de septembre 2016 :

“Historically, Chrome has not explicitly labelled HTTP connections as non-secure. Beginning in January 2017 (Chrome 56), we’ll mark HTTP sites that transmit passwords or credit cards as non-secure, as part of a long-term plan to mark all HTTP sites as non-secure,”

Comment s’organiser

Le trafic HTTPS mondial vient de passer le cap symbolique des 50% (50,15% à fin janvier 2017, contre 39% un an plus tôt), porté notamment par l’initiative Let’s Encrypt. Actuellement, au niveau mondial le protocole HTTPS est déployé sur plus de la moitié du top 100 des sites figurant sur l’indice Alexa et 44 % d’entre eux l’ont activé par défaut.

Mais la France est en retard (voir notre article précédent sur le sujet ici), en particulier dans le monde de l’entreprise où l’inertie est importante, de même que la peur du déréférencement ou de la chute des revenus publicitaires.

Demain tous les sites web seront concernés, du site web de vente en ligne au simple site vitrine, tous devront passer au HTTPS pour rassurer les internautes. Si la réflexion n’est pas déjà lancée au sein des équipes web et marketing de votre entreprise, il est plus que temps de se positionner.

• Former et informer vor équipes : HTTPS, certificats SSL ;
• Définir votre stratégie de certification : Autorité de Certification, types de certificats, workflow ;
• Identifier l’ensemble des sites web de votre société… et définir les priorités d’action :

1-Sites contenant un espace de saisie de données personnelles (formulaire, login, mot de passe, récupération de mot de passe, achats en ligne) => vérifier la présence de httpS
2-Sites corporate, vitrine, flagship : prévoir de passer en httpS par défaut en 2017
3-Sites secondaires

• Préparer la transition vers le httpS avec vos équipes web
• Effectuer la transition vers le httpS des sites identifiés et surveiller le bon déroulement
• Gérer vos certificats

Nameshield vous accompagne

Notre équipe d’experts SSL vous accompagne dans la formation de vos équipes en organisant régulièrement des réunions d’information au sein de ses locaux pour vous permettre d’échanger avec d’autres acteurs du marché.

Nous mettons également à votre disposition les outils nécessaires à la prise de décision (audit, analyse, conseil).

Nameshield est fournisseur reconnu de solutions de sécurisation de vos sites web : certificats SSL, DNS, registry lock, n’hésitez pas à contacter nos équipes pour plus de renseignements.

SAVE THE DATE – 11 mai 2017 : le SSL café

Nous vous proposons de nous retrouver autour d’un petit déjeuner dans nos locaux pour échanger sur le marché des certificats SSL/TLS, l’actualité, les problématiques et les solutions à mettre en place pour un passage au HTTPS sans encombre. Inscrivez-vous par email ou téléphone auprès de votre contact habituel.

L’extension .TEL : quand les limites ont leurs limites !

L'extension .tel

La création des extensions de premier niveau, appelées TLD (TOP LEVEL DOMAIN) a été réalisée en suivant des règles administratives bien spécifiques, des conditions d’enregistrement déterminées par chaque registre, certains imposant des restrictions importantes. Ainsi, certains registres rendent impossibles le dépôt de noms de domaine à deux caractères, quand d’autres empêchent l’enregistrement de tout autre vocable qu’une marque à l’identique.

Toutefois, de nombreux registres restrictifs semblent avoir perçu les limites, de leurs limites ! C’est ainsi que plusieurs extensions fermées suppriment petit à petit les restrictions de leurs règles d’enregistrement.

.PRO, réservé aux professionnels ? Ce n’est plus le cas depuis 2015. L’enregistrement de noms de domaine à deux caractères, impossible ? Plus pour le Portugal, .PT, depuis le 1 er octobre 2014, ni pour la France, .FR, depuis le 16 février 2015, ou encore pour l’Autriche, .AT, depuis le 7 novembre 2016.

Certaines extensions, réputées pour être très restrictives, ont fait l’objet d’un positionnement marketing original. C’est justement le cas du .TEL. Lancé en 2009, son crédo était la création d’un annuaire universel via des pages formatées. On se souviendra d’ailleurs de la publicité dédiée au lancement. Et bien cela est également terminé ! Parmi les modifications annoncées par TELNIC, la nécessité de faire appel à un hébergeur fait grincer des dents. En effet, TELNIC assurait cette charge. Il sera ainsi possible d’associer le contenu que l’on souhaite à un nom de domaine en .TEL. Les détenteurs de noms de domaine en .TEL ont d’ailleurs jusqu’au 13 mars 2017 pour sauvegarder leurs données.

Intéressant constat d’homogénéisation du .TEL parmi toutes les extensions, alors que sa différenciation faisait sa force. Pour rappel, le .TEL proposait l’enregistrement associé d’une carte de visite virtuelle où toutes les informations sur le titulaire étaient présentes. Cette originalité disparaitra dès le mois de mars 2017, dans le paysage numérique.

L’évolution des conditions du .TEL prouve à nouveau l’importance de suivre les évolutions des extensions, c’est pourquoi les experts Nameshield vous en informent régulièrement.

Le nom de domaine, inutile à l’heure des services Web gratuits ?

Bien qu’un nom de domaine ne soit qu’un élément parmi tant d’autres de la présence d’une entité sur Internet, il constitue pourtant un maillon essentiel de l’identité numérique de cette dernière.

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Argumentons…

L’argument le plus entendu concernant la faible importance du nom de domaine est lié à la notion de chemin d’accès. En effet, lorsqu’il voit une publicité physique pour Aubade, l’internaute n’accède plus au site internet associé en saisissant le nom de domaine dans la barre de navigation du navigateur, mais il tape le nom de la marque directement. Ce qui le redirigera vers son moteur de recherche favori et donc vers les premiers résultats de recherche. Seulement, Aubade est une marque de robinetterie bien connue mais également un fabricant français de lingerie féminine.

Alors oui, cet argument était facile, Aubade fait partie de ces marques bénéficiant d’un accord de coexistence en raison de l’homonymie de la marque correspondant à deux société distinctes, telles Mont Blanc[1] ou Apple[2].

Prenons l’accès à un site Internet de plusieurs années non mis à jour : de nombreux liens pointant vers des sources extérieures sont indisponibles, affichant au mieux une page 404, sinon une redirection vers un site tiers. La durabilité des pages Internet n’est pas garantie dans le temps, rien n’obligeant une entreprise privée à prolonger éperdument ses services.

Les réseaux sociaux, autre indicateur de la présence d’une entité sur Internet, au titre des réseaux fermés, modifient leurs conditions générales d’utilisations à de nombreuses reprises, l’utilisateur final ne lisant que rarement les petites lignes de ces contrats. Ainsi, la confidentialité, l’accès et la censure n’est nullement garantie par les réseaux sociaux, ces derniers se rétribuant selon la publicité affichée.

Une autre fonction d’un nom de domaine est d’assurer un service mail. De nombreux utilisateurs, ne souhaitant pas dépenser une somme modique pour un tel service ont fait le choix de passer par une compte mail dit gratuit, générant ces services via la mise en place de publicités. Ces dernières sont dites targetisées par le biais d’analyse du contenu des mails envoyés : ainsi l’annonceur affichera uniquement des publicités à un type de prospect. Faisons une analogie avec une boite postale, faire appel à un service de messagerie gratuite, c’est laisser la possibilité que l’on ouvre votre courrier, et donc votre enveloppe, pour y insérer de la publicité. Sauf que là, l’immatériel n’est pas tangible, c’est sa définition même. Du coup, peu de gens s’y intéressent, révélations ou non[3][4]. Dans un deuxième temps, on pourra suivre les évolutions de ces messageries électroniques : lemel.fr, repris par voila.fr a été fermé en 2002, sans laisser la possibilité à ses clients existants d’utiliser leurs comptes. Le service voila, lui, sera fermé en 2016 par Orange, supprimant ici aussi les adresses associées[5].

Comprenons-nous, Internet est un moyen de communication exceptionnel dont la quasi-totalité des acteurs sont des entreprises privées proposant des services dont la pérennité n’est pas assurée. Cette dernière, synonyme de garantie de service, ne peut s’acquérir que par le biais d’un investissement personnel faible mais néanmoins nécessaire : posséder un site Internet ou une adresse mail ne vous sera possible qu’en acquérant votre propre adresse sur Internet via un nom de domaine.


[1] Mont Blanc peut désigner une entreprise allemande spécialisée dans la fabrication de stylos de luxe et une entreprise française spécialisée dans la production de produits lactés.

[2] Apple peut désigner une entreprise américaine concevant des produits électroniques grand public et une entreprise américaine formant un conglomérat visant à protéger les intérêts du groupe anglais The Beatles.

[3] Tribunal de commerce de Paris, ordonnance de référé du 20 janvier 2016

[4] La présentation au grand public du programme américain de surveillance PRISM n’a suscité que peu de réactions.

[5] Un collectif, sous la forme d’une association, et accessible via sauvonsvoila.fr a lancé une pétition recueillant plus de 7000 signatures (février 2016)

Nouveaux gTLDs: la démesure

logo“GMO” est un nom qui ne vous dit probablement rien, c’est pourtant le nom de l’entreprise japonaise qui vient de débourser une somme d’argent considérable pour détenir les droits d’exploitation exclusifs d’une extension Internet: les noms de domaine “.shop”.

Nous parlons bien ici de “démesure” car les chiffres dont on parle habituellement sont bien loin des 41,5 millions de dollars que l’entreprise vient de payer pour remporter l’enchère à la nouvelle extension Internet .SHOP. GMO est aussi le Registre pour les extensions de noms de domaine géographiques “.NAGOYA” – “.TOKYO” et  “.YOKOHAMA” ainsi que quelques marques.

Les chiffres “courants”

Candidater à une nouvelle extension Internet

185 000 Dollars est la “taxe” ICANN à payer pour déposer une candidature qui aura été préalablement préparée par des spécialistes. On peut estimer que pour 200 000 dollars, il est possible de déposer une candidature.

Il faut aussi des prestataire techniques pour assurer le fonctionnement opérationnel de la création des noms de domaine, dont l’indispensable “backend registry”. Il faut aussi un conseil juridique, marketer l’extension et payer les redevances trimestrielles de l’ICANN une fois l’extension lancée. Chaque nouveau nom de domaine créé coûte aussi au Registre, qui paye l’ICANN en fonction du volume de noms créés. Il faut aussi marketer l’extension Internet pour attirer les futurs titulaires de noms de domaine.

Bref, lorsque l’on parle de lancer une extension Internet, nous n’atteignons pas le million d’Euros, sauf pour dans quelques cas: l’un des candidats du premier cycle d’appel à candidatures de 2012 avait un budget de 1,5 million de Livres Sterling par extension déposée.

Les enchères d’extensions

Criée japonaise
Criée japonaise

Attention, nous ne parlons pas d’enchères de noms de domaine mais bien d’enchères d’extensions Internet. Dans certains cas, il s’agit de la solution finale pour départager des candidats qui auront soumis des candidatures similaires. Il en existe deux types:

  1. Les enchères ICANN, comme celle à laquelle vient de participer GMO pour le .SHOP
  2. Les enchères privées, non gérées par l’ICANN mais par les candidats eux-mêmes.

Le chiffre moyen pour départager les candidats lors d’enchères est connu, il s’agit de 2,5 millions de dollars. Un chiffre exorbitant avait aussi été rapporté pour l’extension .BLOG mais celui-ci reste incertain et l’extension .APP avait été remportée par Google pour la somme de 25 million de Dollars. Nous sommes ici encore loin des 41,501 millions de Dollars dépensés par notre candidat Japonais.

Quelle rentabilité ?

Afin de garantir le succès de son projet, nous savons que GMO Registry avait dépensé le double de la somme pour candidater à la même extension…deux fois: dans une procédure de candidature pour une extension “générique” (pour des noms de domaine ouverts à l’enregistrement pour tous), et dans une procédure “communautaire” (pour la communauté des utilisateurs de noms de domaine “.shop”). C’est beaucoup d’argent dépensé, avant même de savoir si il y aura d’autres candidats…

Lorsque les chiffres commencent à crever le plafond, on peut s’interroger sur l’intérêt d’une telle démarche car si un nom de domaine .”com” coûte entre 10 et 15 Euros, il s’en vend suffisamment pour que son Registre soit rentable car nous parlons ici de plusieurs dizaines de millions de noms déjà installés sur le marché.

Un nouveau nom de domaine coûte environ entre 20 et 30 Euros, or, parmi les nouveaux Registres lancés, si nombreux d’entre eux distribuent donnent des noms de domaine pour atteindre péniblement le million de noms installés (et ils sont très peu), seul un, le Registre .CLUB vend l’intégralité des noms créés à la demande des bureaux d’enregistrement accrédités (pour rappel: les “Registrars”).

Pour résumer, cela veut dire qu’un million de noms de domaine créés – des noms qui devront être renouvelés chaque année par les titulaires – permet de générer un chiffre d’affaire de

10 millions d’Euros pour le Registre, si toutefois, chaque nom est vendu 10 Euros. Et ne l’oublions pas, le Registre paye son backend Registry, l’ICANN, ses équipes et autres prestataires de service… Heureusement que les noms de domaine “Premiums” –  les noms de domaine génériques à forte valeur ajoutée – sont là pour participer au lancement des ces magnifiques projets.

Le .SHOP a aussi des concurrents: l’extension .BOUTIQUE (moins de 10 000 noms de domaine enrgistrés), l’extension .BUY, le .STORE ainsi que des IDNs (extensions en caractères non ASCII).

Ainsi, pour faire du Registre .SHOP un projet rentable, il va falloir vendre beaucoup de noms de domaine, si possible les vendre cher. Là encore, il semble que le Registre a l’ambition d’imposer sa solution de boutique en ligne en complément de l’achat d’un nom de domaine or l’histoire de l’extension “.TEL” a clairement démontré que ce type de solutions imposées aboutissent à des catastrophes financières…

Conclusion

Champagne.shop?
Champagne.shop?

Si les volumes de ventes de noms de domaine “.boutique” n’ont encore impressionné personne, un nom de domaine “.shop” – plus court – représente un intérêt pour une boutique en ligne car c’est un terme plus ou moins multilingue et court. Pourtant…à environ 45 millions de dollars d’investissement pour cette extension, nous pensons qu’il faudra vendre beaucoup de noms Premiums pour que l’argent commence à rentrer dans les caisses de façon significative.

Un champagne.shop peut être ? Oups…mauvais exemple.

Source : ICANN: https://gtldresult.icann.org/application-result/applicationstatus/auctionresults

Ces catégories d’extensions Internet “qui cartonnent”.

couleurs_export

Les nouvelles extensions Internet suscitent souvent plus d’intérêt parce qu’elles choquent, parce qu’elles gênent, ou tout simplement parce qu’elles polluent l’univers des décideurs en charge de protéger leur marque. Pour certaines d’entre elles, nous n’en entendrons probablement jamais parler…et pourtant.

Des extensions Internet pour les couleurs

Qui l’eut cru: des entrepreneurs ont dépensés des sommes d’argent considérables pour autoriser l’enregistrement de noms de domaine qui se terminent par des noms de couleurs. Si l’enregistrement de “.com” fut, pendant un temps, un réflexe, à qui viendrait-il l’idée aujourd’hui d’enregistrer un nom de domaine qui se termine en “.orange” “.bleu” ?

La question peut surprendre et peut être est-il encore un peu trop tôt pour y répondre. Pourtant, si l’on compare avec les volumes d’enregistrements d’autres extensions de noms de domaine, les extensions pour les couleurs se portent plutôt bien.

De culture plutôt Américaine, les extensions de noms de domaine sont aujourd’hui considérablement développées en anglais plus que dans d’autres langues. Ainsi les candidatures pour ces extensions de couleur ont été déposées en anglais:

  1. .BLACK (noir);
  2. .BLUE (bleu);
  3. .GREEN (vert);
  4. .ORANGE (orange);
  5. .PINK (rose);
  6. .RED (rouge).

Attention toutefois, l’une de ces extensions est réservée à un grand opérateur de téléphonie dont nous vous laissons deviner le nom. Il ne sera pas possible d’acheter un de ces noms de domaine, contrairement aux autres.

Des extensions en pleine forme

Nous évoquions plus haut des différences entre les volumes d’enregistrements des différentes extensions Internet or il apparait clairement que les couleurs – ne s’arrachent pas, certes, comme c’est le cas pour les noms de domaine “.club” – mais qu’elles connaissent un certain succès dont voici les chiffres en nombre de noms de domaine enregistrés (source ntldstats.com):

  1. 10 noms de domaine “.orange”;
  2. 1 924 “.green”;
  3. 6 054 “.black”
  4. 17 792 “.blue”
  5. 19 136 “.pink”
  6. 49 607 “.red”.

Bien que le nombre de nom de domaine “.orange” n’entre pas vraiment en compte ici, il y aura bientôt 50 000 titulaires de nom de domaine pour la couleur rouge !

Pour rappel, nous avions comptabilisé ces résultats au 30 juin 2015 et voici ce qu’ils étaient:

  1. 1 464 “.green”;
  2. 4 950 “.black”;
  3. 13 330 “.pink”;
  4. 15 585 “.blue”;
  5. 31 609 “.red”.

Nous constatons aujourd’hui un dépassement de l’extension Internet “.pink” dont le volume des enregistrements de noms de domaine dépasse à présent celui des de l’extension “.blue” ainsi qu’une forte progression du “.red”.

Nous avons effectué une recherche standard sur l’indexation des noms de domaine “.red” dans Google et avons constaté que les 680 000 résultats affichés présentent de très nombreuses pages en Japonais: serais-ce parce que le rouge à une signification très particulière dans la culture Japonaise?

L’extension “.red” est aussi la 32 ème extension de nom de domaine au top 100 des extensions qui connaissent le plus fort taux d’enregistrements.

On peut être surpris par ces phénomènes de mode qui se développent et si les couleurs sont une catégorie, il en existe d’autres: l’automobile, la photographie, l’immobilier et bien d’autres…

…nous y reviendrons.

Pourquoi les noms de domaine sont-ils devenus des actifs immatériels stratégiques qu’il convient de valoriser ?

Green_http

L’usage du réseau Internet est devenu incontournable en quelques années pour tous les échanges de biens et de services, ainsi que pour la majeure partie des communications entre les personnes.

Sur le plan professionnel, le lancement et la commercialisation d’un bien ou d’un service passe nécessairement par sa promotion via Internet. Dorénavant, une marque ne peut véritablement exister, sans ses noms de domaine associés. A moins d’un changement radical du fonctionnement de l’adressage Internet, il n’y aura pas de retour en arrière possible.

C’est pourquoi depuis plusieurs années les entreprises ont été amenées à constituer, puis à gérer, des portefeuilles de noms de domaine en rapport avec leurs activités commerciales. Les dépenses engagées afin de constituer, surveiller et protéger ces nouveaux actifs immatériels commencent à représenter des montants plus que conséquents.

Les entreprises se trouvent aujourd’hui dans une situation paradoxale où elles n’ont pas d’outils et de méthodes pour évaluer financièrement ces nouveaux actifs immatériels.

De nombreux travaux ont été menés sur la valorisation des marques en tant que telles. A ce titre, la norme internationale ISO 10668 a été publiée, en 2010, afin de définir les Exigences pour l’évaluation monétaire d’une marque. A contrario des travaux menés sur les marques, très peu de travaux académiques ont porté sur la valorisation des noms de domaine. Or il existe une véritable économie du nom de domaine qui se matérialise notamment par des places de marché où les noms de domaine sont échangés quotidiennement.

Les entreprises se trouvent aujourd’hui dans une situation paradoxale où :

  • elles prennent conscience du caractère stratégique des noms de domaine dans leur activité ;
  • elles sont confrontées à des coûts croissants liés aux dépôts, à la surveillance et à la défense de ces nouveaux actifs immatériels ;
  • elles n’ont pas d’outils et de méthodes pour évaluer financièrement ces actifs ;
  • elles n’ont pas ou peu de règles comptables leur permettant de les inscrire au bilan comme d’autres actifs !

Quand la valeur d’un nom de domaine, évolue drastiquement en fonction de son état.

La valeur d’un nom de domaine évolue dans le temps en fonction de son usage. En effet, sa valeur est liée à l’évolution de son statut qui peut se caractériser par six situations distinctes :

  1. Création ou acquisition
  2. Usage (exploitation via un site web)
  3. Rachat amiable
  4. Contentieux
  5. Revente
  6. Abandon

Lors de la création d’un nom de domaine, si ce dernier est libre, la valeur de ce nom correspond aux seuls droits d’enregistrement pour une période donnée auprès des registres. Par la suite, lorsque ce nom de domaine va être utilisé pour assurer le développement de l’image institutionnelle d’une enseigne ou pour la promotion de ses produits et services, sa valeur ne va cesser de croître et devenir une valeur d’usage. Cette valeur d’usage sera associée à l’attractivité du site et des services concernés. Elle prendra une valeur considérable dans le cadre d’un nom de domaine correspondant à un site de e-commerce majeur (ex : amazon.com).

Indépendamment de sa valeur d’usage originelle, le prix d’un nom de domaine va connaitre de nouvelles valeurs lorsqu’il fera l’objet d’une transaction sur le second marché, que ce soit à l’achat ou à la vente.

En effet, depuis plusieurs années, un véritable marché s’est développé dans la revente de noms de domaine[1]. On peut constater une certaine disparité sur le montant des transactions. Cette disparité est liée d’une part à un marché opaque, d’autre part à l’absence criante de méthodologies d’évaluation connues et reconnues. Pour des raisons de confidentialité les montants des transactions restent souvent inconnus du grand public. Or, leur montant varie de quelques centaines d’euros à plusieurs millions, sur l’extension phare qui est encore aujourd’hui le .com. Parfois justifié, leur prix ne reflète pas souvent leur valeur du fait d’une asymétrie d’information entre le vendeur et l’acquéreur. Cette asymétrie d’information porte sur l’usage futur du nom de domaine. En effet, les acheteurs utilisent souvent des prête-noms afin de ne pas dévoiler le véritable destinataire du nom, ce qui ferait envoler les prix, notamment lorsque l’acquéreur est une société dont les marques sont notoirement connues sur le plan international.

Sur un autre plan, celui du cybersquatting, usurpation d’identité et/ou ventes illicites, la valeur du nom de domaine pourra correspondre aux frais de contentieux engagés par le détenteur légitime d’une marque pour se réapproprier le nom de domaine en question.

Indépendamment de sa valeur d’usage originelle, le prix d’un nom de domaine va connaitre de nouvelles valeurs lorsqu’il fera l’objet d’une transaction sur le second marché, que ce soit à l’achat ou à la vente.

Dans le cadre de l’OMPI (Office Mondial de la Propriété Intellectuelle), des procédures spécifiques ont été mises en œuvre afin de faciliter le règlement de ce type de litige (cf. procédures UDRP[2]). Les frais associés se situent alors autour de quelques milliers d’euros. Si le contentieux est lié à un véritable problème juridique de propriété intellectuelle, les avocats spécialisés en propriété intellectuelle vont alors intervenir. Les coûts associés à cette réappropriation peuvent vite s’élever en dizaine de milliers d’euros de procédure, sans compter le prix d’une transaction finale éventuelle. La valeur du nom de domaine ainsi récupéré doit tenir compte de l’ensemble de ces coûts juridiques d’acquisition.

Enfin, dans la vie d’un nom de domaine, si celui-ci n’a plus aucun usage commercial, il peut être tout simplement abandonné. C’est à dire que l’on ne va pas renouveler son enregistrement l’année suivante. Sa valeur est donc nulle.

Comment évaluer monétairement un nom de domaine ? 

Par nos propos ci-dessus, on s’aperçoit que la détermination de la valeur d’un nom de domaine est complexe et sujette à de multiples facteurs. La litterature scientifique sur ce thème est aujourd’hui très restreinte, alors qu’un certain nombre de brevets ont été déposés par des acteurs influents de l’Internet, notamment aux USA. Cela aurait tendance à démontrer que le sujet est d’importance stratégique, mais que seuls certains acteurs l’ont compris…

A ce titre, il est intéressant d’évoquer ici le travail réalisé par Thies Lindenthal, chercheur au MIT.

Par analogie aux travaux qu’il a menés sur le marché immobilier, Thies Lindenthal s’est intéressé aux transactions réalisées sur les noms de domaine, en tant qu’actifs immatériels. De ces travaux naquit, en 2011, l’index IDNX pour Internet Domain Name indeX. Le développement d’IDNX a pu être réalisé grâce à la pleine collaboration entre les différents acteurs du marché des noms de domaine, chacun y trouvant son compte (ICANN, SEDO, …). Une publication récente en mai 2014 dans le Journal of the association for information science and technology[3] décrit précisément les modalités de calcul de l’index IDNX. Ces travaux furent suffisamment probants pour que les sociétés Reuters et Bloomberg l’intègrent dans leur plateforme d’information continue. A titre d’information, Thies Lindenthal a démontré, qu’au cours de la période 2006-2013, la moyenne des prix des transactions sur les noms de domaine a cru de 6,6% par an.

La littérature scientifique sur ce thème est aujourd’hui très restreinte, alors qu’un certain nombre de brevets ont été déposés par des acteurs influents de l’Internet, notamment aux USA.

Comme nous l’avons déjà évoqué, peu de travaux scientifiques portent aujourd’hui sur l’évaluation de ces nouveaux actifs immatériels. On pourrait être tenté de se dire que, compte tenu de sa fluctuation dans le temps en fonction de son usage, essayer d’en calculer sa valeur est vain. Cependant, les sommes qui sont en jeu tant dans les coûts d’acquisition, d’exploitation, que de défense, sont telles qu’il nous parait urgent de poser des principes d’évaluation permettant d’évaluer et de valoriser ces noms de domaine en tant que véritables actifs (immatériels) et non pas simplement comme des charges d’exploitation informatiques récurrentes…

Proposition d’une piste méthodologique d’évaluation des noms de domaine, analogique à celle des marques.

En s’inspirant de la norme ISO 10668 définissant les Exigences pour l’évaluation monétaire d’une marque, nous nous sommes attachés à rechercher les éléments factuels permettant d’apporter une valeur objective à un portefeuille de noms de domaine.

C’est dans ce cadre que deux approches distinctes ont été étudiées :

  • une approche par les coûts ;
  • une approche par le marché.

a)     L’approche par les coûts historiques

Cette méthode a pour objectif de déterminer la valeur d’un portefeuille de noms de domaine comme si on devait le reconstituer à l’identique aujourd’hui. Cette approche doit permettre d’identifier l’ensemble des coûts qui ont permis de constituer ledit portefeuille en comptabilisant les dépenses occasionnées en trois grandes catégories :

  1. les coûts d’acquisition des noms de domaine (création, rachat, transfert de propriété, changement de délégation…) ;
  2. les coûts d’exploitation (renouvellement, frais de gestion interne, exploitation des DNS, certificats SSL…) ;
  3. les coûts de protection (surveillances, enregistrement dans la TMCH, procédures UDRP-URS, suspension de sites, contentieux, rachats…).

b)    L’approche par le marché

L’approche par le marché a pour objectif de mesurer la valeur d’un nom de domaine par référence aux transactions monétaires passées sur des places de cotation, ou d’en estimer la valeur proche par une analyse sémantique et technique.

Au regard de la multiplicité des critères susceptibles d’être intégrés, il convient de ne retenir que les éléments factuels, facilement reproductibles

Remarque: la valeur d’un nom de domaine contenant la dénomination d’une marque (ex : lancome.fr ou hermes.com) ne sera pas calculée selon cette approche. En effet, un tel nom de domaine ne peut être dissocié de la marque qu’il représente. Il serait donc illusoire de vouloir en déterminer sa valeur sans la lier à la valeur de la marque. Il conviendra d’avoir une approche spécifique pour ces noms de domaine, non traitée dans le présent article.

L’état de l’art des travaux menés sur la détermination théorique du prix d’un nom de domaine permet de définir deux grandes catégories d’attributs à un nom de domaine :

  1. les caractéristiques liées à la sémantique du nom de domaine (dénomination + extension) ;
  2. les caractéristiques liées à son attractivité (ancienneté sur le web, classement de popularité…).

a) les caractéristiques liées à la sémantique

Tout le monde comprendra que certains noms de domaine sont plus facilement mémorisables que d’autres. En effet, différents facteurs entrent en ligne de compte :

  • la signification (évidente / mot courant / notion pour les connaisseurs / sans signification)
  • la portée (locale / régionale / nationale / internationale) ;
  • le marché visé (générique / averti / spécialisé) ;
  • la capacité de mémorisation(nombre de consonnes, de voyelles, de signes) ;
  • le lien entre la langue utilisée par la dénomination et l’extension ‘.

b) Les caractéristiques liées à l’attractivité

Celles-ci sont liées à différents facteurs : capacité de référencement, ancienneté, nombre de liens, backlinks, Meta tags utilisés, trafic…

Au regard de la multiplicité des critères susceptibles d’être intégrés, il convient de ne retenir que les éléments factuels, facilement reproductibles. En effet, la permanence des méthodes d’évaluation dans le temps doit être une caractéristique majeure de notre approche. Elle permettra aux directions financières des sociétés de pouvoir évaluer la valeur de leur portefeuille de noms de domaine et leur variation d’une façon sûre et pérenne.

C’est cette démarche qui est actuellement menée dans le cadre d’un groupe de travail portant sur la valorisation des noms de domaine au sein de l’Observatoire de l’immatériel. Nous travaillons actuellement à corréler ces principes méthodologiques avec les valeurs de transactions réelles issues des données remontées par les places de marché.

Vaste challenge !

[1] La Société allemande SEDO s’est spécialisée sur cette activité. Elle a constitué, en 10 ans, la première plate-forme mondiale d´achat-vente de noms de domaine. Elle réalise plus de 3 000 transactions par mois.

[2] Uniform Dispute Resolution Procedure (UDRP).

[3] Valuable Words : The Price Dynamics of Internet Domain Names by Thies Lindentha

Marques et noms de domaine, le duo gagnant

Les marques existaient avant les noms de domaine, c’est un fait indéniable. Ainsi, au fur et à mesure des années, on a appris à gérer le droit des marques, à les recenser, et à les valoriser. C’est ainsi que plusieurs études annoncent aujourd’hui des valorisations de marques dépassant les 10 milliards d’euros, comme la marque AIRBUS. Et « airbus.com », quelle est sa valeur ? Ce nom de domaine est-il intimement lié à la marque AIRBUS ?

Une marque sans noms de domaine associés est une marque affaiblie

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Reprenons le cas de la société AIRBUS. Imaginons un instant que cette entreprise n’ait jamais réservé de noms de domaine, et que par conséquent « airbus.com », « airbus.fr » et « airbus.de » aient été enregistrés par des tiers plus ou moins bien intentionnés : certains redirigent vers le site de BOEING, d’autres sont des pages parking diffusant de la publicité, d’autres encore sont associés à des contenus diffamant la marque. Que vaut la marque AIRBUS dans le monde digital dans ces conditions ? Que va penser un investisseur ou un acquéreur potentiel de l’entreprise de ce chaos en ligne ?

Bien évidemment, un certain nombre de procédures pourront être mises en place pour récupérer ces noms de domaine et rétablir l’image de la marque. Mais à quel prix ? Combien de ressources va-t-il falloir mobiliser, en interne et en externe, pour reconstruire de manière cohérente la réputation de la marque sur Internet? Quel va-t-être le coût de ces opérations ? Comment va-t-il falloir gérer la récupération des sites Internet enregistrés en Corée du Sud, hébergés en Russie et aux mains de réseaux criminels sud-américains ?

A différentes échelles, ce type de scénario catastrophe se produit tous les jours dans le secteur de l’Internet, alors qu’ils pourraient être évités en ayant le plus tôt possible les bons réflexes pour protéger sa marque en ligne. Et il est désormais prouvé qu’une marque bien protégée est un élément de valorisation pour l’entreprise qui la détient.

Un nom de domaine sans marque associée est un risque majeur

Quand une société lance un nouveau produit, le chef de produit pense souvent à enregistrer un nom de domaine, afin de créer un site dédié, ou tout simplement rediriger le trafic vers une page spécifique du site Internet de l’entreprise. Et c’est un bon réflexe. Mais qui pense à enregistrer systématiquement la marque associée ?

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Revenons dans une entreprise classique, qui lance un produit qu’elle choisit d’appeler BORUDALIS. A l’instant où elle enregistre le domaine « borudalis.com », des tiers mal intentionnés à différents endroits du monde enregistrent à leur tour « borudalis.fr », « borudalis.de », « borudalis.sucks », « borudalis.at », « borudalis-discount.cheap », etc. Certains d’entre eux porteront atteinte dans les jours suivants au produit BORUDALIS, pourtant en plein lancement. Que faire ?

Le premier réflexe de cette société est d’engager des procédures extra-judiciaires ou judiciaires afin de récupérer les noms de domaine usurpant un produit qui lui appartient. Malheureusement, en l’absence de marque déposée, il va être difficile d’expliquer la légitimité de l’entreprise sur ce terrain. Et qui dit que les personnes ayant déposé les noms de domaine n’ont pas également déposé la marque ? Le terrain est dangereux.

Marques et noms de domaine, deux mondes qui se rapprochent

Au fur et à mesure de l’évolution d’Internet, les noms de domaine sont de plus en plus liés aux marques. La dernière initiative de l’ICANN, le gendarme de l’Internet, va d’ailleurs dans ce sens : pour aider les entreprises à éviter les abus sur les quelques 1400 nouvelles extensions disponibles (les fameux .bio, .pizza, .paris, .sucks, .xyz, etc.), l’instance régulatrice a mis en place un système donnant aux titulaires d’une marque déposée des droits privilégiés sur les noms de domaine liés à cette marque, à partir du moment où il en fait la démarche. C’est le principe de la TMCH (Trademark Clearing House), qui moyennant une inscription de la part du titulaire, permet à la fois d’être prioritaire sur l’enregistrement, d’être averti en cas de dépôt de la part d’un tiers, et d’avoir accès à une procédure accélérée de résolution de litiges en cas d’usurpation de noms de domaine (procédure Uniform Rapid Suspension ou URS).

Le principe même de la TMCH confirme les évolutions du droit des noms de domaine, qui tendent à rapprocher de plus en plus le monde des marques et celui des noms de domaine. L’un ne va pas sans l’autre et vice versa.