Nouveaux gTLDs: la démesure

logo“GMO” est un nom qui ne vous dit probablement rien, c’est pourtant le nom de l’entreprise japonaise qui vient de débourser une somme d’argent considérable pour détenir les droits d’exploitation exclusifs d’une extension Internet: les noms de domaine “.shop”.

Nous parlons bien ici de “démesure” car les chiffres dont on parle habituellement sont bien loin des 41,5 millions de dollars que l’entreprise vient de payer pour remporter l’enchère à la nouvelle extension Internet .SHOP. GMO est aussi le Registre pour les extensions de noms de domaine géographiques “.NAGOYA” – “.TOKYO” et  “.YOKOHAMA” ainsi que quelques marques.

Les chiffres “courants”

Candidater à une nouvelle extension Internet

185 000 Dollars est la “taxe” ICANN à payer pour déposer une candidature qui aura été préalablement préparée par des spécialistes. On peut estimer que pour 200 000 dollars, il est possible de déposer une candidature.

Il faut aussi des prestataire techniques pour assurer le fonctionnement opérationnel de la création des noms de domaine, dont l’indispensable “backend registry”. Il faut aussi un conseil juridique, marketer l’extension et payer les redevances trimestrielles de l’ICANN une fois l’extension lancée. Chaque nouveau nom de domaine créé coûte aussi au Registre, qui paye l’ICANN en fonction du volume de noms créés. Il faut aussi marketer l’extension Internet pour attirer les futurs titulaires de noms de domaine.

Bref, lorsque l’on parle de lancer une extension Internet, nous n’atteignons pas le million d’Euros, sauf pour dans quelques cas: l’un des candidats du premier cycle d’appel à candidatures de 2012 avait un budget de 1,5 million de Livres Sterling par extension déposée.

Les enchères d’extensions

Criée japonaise
Criée japonaise

Attention, nous ne parlons pas d’enchères de noms de domaine mais bien d’enchères d’extensions Internet. Dans certains cas, il s’agit de la solution finale pour départager des candidats qui auront soumis des candidatures similaires. Il en existe deux types:

  1. Les enchères ICANN, comme celle à laquelle vient de participer GMO pour le .SHOP
  2. Les enchères privées, non gérées par l’ICANN mais par les candidats eux-mêmes.

Le chiffre moyen pour départager les candidats lors d’enchères est connu, il s’agit de 2,5 millions de dollars. Un chiffre exorbitant avait aussi été rapporté pour l’extension .BLOG mais celui-ci reste incertain et l’extension .APP avait été remportée par Google pour la somme de 25 million de Dollars. Nous sommes ici encore loin des 41,501 millions de Dollars dépensés par notre candidat Japonais.

Quelle rentabilité ?

Afin de garantir le succès de son projet, nous savons que GMO Registry avait dépensé le double de la somme pour candidater à la même extension…deux fois: dans une procédure de candidature pour une extension “générique” (pour des noms de domaine ouverts à l’enregistrement pour tous), et dans une procédure “communautaire” (pour la communauté des utilisateurs de noms de domaine “.shop”). C’est beaucoup d’argent dépensé, avant même de savoir si il y aura d’autres candidats…

Lorsque les chiffres commencent à crever le plafond, on peut s’interroger sur l’intérêt d’une telle démarche car si un nom de domaine .”com” coûte entre 10 et 15 Euros, il s’en vend suffisamment pour que son Registre soit rentable car nous parlons ici de plusieurs dizaines de millions de noms déjà installés sur le marché.

Un nouveau nom de domaine coûte environ entre 20 et 30 Euros, or, parmi les nouveaux Registres lancés, si nombreux d’entre eux distribuent donnent des noms de domaine pour atteindre péniblement le million de noms installés (et ils sont très peu), seul un, le Registre .CLUB vend l’intégralité des noms créés à la demande des bureaux d’enregistrement accrédités (pour rappel: les “Registrars”).

Pour résumer, cela veut dire qu’un million de noms de domaine créés – des noms qui devront être renouvelés chaque année par les titulaires – permet de générer un chiffre d’affaire de

10 millions d’Euros pour le Registre, si toutefois, chaque nom est vendu 10 Euros. Et ne l’oublions pas, le Registre paye son backend Registry, l’ICANN, ses équipes et autres prestataires de service… Heureusement que les noms de domaine “Premiums” –  les noms de domaine génériques à forte valeur ajoutée – sont là pour participer au lancement des ces magnifiques projets.

Le .SHOP a aussi des concurrents: l’extension .BOUTIQUE (moins de 10 000 noms de domaine enrgistrés), l’extension .BUY, le .STORE ainsi que des IDNs (extensions en caractères non ASCII).

Ainsi, pour faire du Registre .SHOP un projet rentable, il va falloir vendre beaucoup de noms de domaine, si possible les vendre cher. Là encore, il semble que le Registre a l’ambition d’imposer sa solution de boutique en ligne en complément de l’achat d’un nom de domaine or l’histoire de l’extension “.TEL” a clairement démontré que ce type de solutions imposées aboutissent à des catastrophes financières…

Conclusion

Champagne.shop?
Champagne.shop?

Si les volumes de ventes de noms de domaine “.boutique” n’ont encore impressionné personne, un nom de domaine “.shop” – plus court – représente un intérêt pour une boutique en ligne car c’est un terme plus ou moins multilingue et court. Pourtant…à environ 45 millions de dollars d’investissement pour cette extension, nous pensons qu’il faudra vendre beaucoup de noms Premiums pour que l’argent commence à rentrer dans les caisses de façon significative.

Un champagne.shop peut être ? Oups…mauvais exemple.

Source : ICANN: https://gtldresult.icann.org/application-result/applicationstatus/auctionresults

Auteur/autrice : Nameshield

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