Les noms de domaine – emoji, nouvel eldorado pour les domainers ?

Les noms de domaine, on n’en finirait pas de vanter les mérites de ces petits constituants numériques, immatériels par leurs présences mais actifs par leurs valeurs ! Lorsque l’on voit les revenus engendrés par des noms tels que sex.com ou hotels.com, on peut aisément s’imaginer pourquoi le second marché est actif !

Mais revenons-en à la paix. La paix dans le monde, voilà un objectif de vie. Voilà également un actif immatériel : le nom de domaine « xn--v4h.com » a été vendu 3400€ par le biais de la plate-forme Sedo. En effet, ce nom de domaine que l’on verra s’afficher en tant que « ☮.COM » est un nom de domaine ‘emoji’, terme qui fait fureur en ce moment. En prenant connaissance des raisons qui ont poussé l’acheteur à acquérir ce terme, on notera la référence à Sun Tzu : ce stratège militaire a écrit « l’art de la guerre » où l’on apprenait qu’un bon général utilise la force de l’ennemi…

 

Noms de domaine emoji - Site internet de Sonshi.com
Site internet de Sonshi : ☮.com

 

Au-delà de l’aspect anecdotique de cette vente, se pose ici la question des noms de domaine porteurs de symboles, communément appelés emoji.

Noms de domaine emoji

 

Existant depuis des années, mais popularisés par l’iPhone d’Apple, les emoji permettent de faire passer un message plus rapidement et facilement qu’un texte, où la notion de second degré est parfois compliquée. Si en Israël on statue sur la nature de l’emoji, on peut se demander jusqu’où ira cette mode ? S’il devient acceptable d’envoyer des emails professionnels avec un smiley, peut-on imaginer demain envoyer des emoji comme on le fait à titre privé ?

Le groupe « sécurité » de l’ICANN a récemment statué sur les emoji : il est ardu de faire la différence entre eux, tant les différences sont compliquées. En effet, l’extension .WS était devenue la première extension à supporter les emoji, suite à un concours de GoDaddy, le fameux registrar américain. S’en était suivie une emoji-mania, jusqu’à la réaction de l’ICANN.

Tout ceci nous laisse sans voix devant les évolutions de langage, tant les possibilités permises avec les emoji sont légion. Mais finissons cet article par un pari : combien de candidatures emoji seront présentées à l’ICANN ? Verra-t-on d’illustres enchères pour le « .EMOJI-SOURIRE » telles que pour le .WEB ? L’histoire le dira !

 

Un nom de domaine, on doit y penser !

Oakland, Californie. 390.000 habitants, huitième ville de l’État et un nom de domaine non renouvelé (http://www.eastbaytimes.com/2017/04/13/oakland-city-website-down-domain-name-not-renewed/).

 

Oakland, California Logo

 

Pour un journaliste, il y a des marronniers bien connus : le baccalauréat, l’arrivée du froid, l’arrivée du printemps, les risques de déshydratation en plein été,…

Chez les registrars, il y en a plusieurs : quel nom de domaine utiliser ? Quel périmètre défensif adopter et surtout, comment gérer un nom de domaine ?

 

Historiquement, il fallait être sur Internet. Avoir un site web et donc un nom de domaine. C’était majoritairement une personne, « A », qui s’en occupait, avec son adresse professionnelle. Mais lorsque la personne « A » quitte l’entreprise, « B » la remplace. Sans penser à transférer les courriels en question. Première erreur.

Deuxième erreur : l’absence de réflexion quant à la gestion des noms de domaine. Qui doit gérer cet outil numérique devenu actif immatériel ? Le marketing ? La communication ? Le juridique ? L’informatique ? Peu importe. Même si aujourd’hui le service en charge de la propriété intellectuelle est souvent le mieux à même de gérer un portefeuille de noms de domaine et d’influer sur les stratégies de dépôts, il n’y a pas de règles en la matière. La seule chose que nous pouvons vous conseiller, que nous devons vous conseiller, c’est d’adopter une stratégie quant à l’enregistrement et la gestion de noms de domaine. Par exemple, quel service lit ce genre de « news » ?

Du service innovation « on a une idée de marque, on enregistre le nom de domaine », au service comptabilité « on renouvelle les noms de domaine », au service juridique « on a une stratégie réelle quant à la gestion des noms de domaine »,  au service informatique « vers quelle adresse IP dois-je configurer le nom ? » : tous les acteurs doivent être impliqués et savoir qu’il existe une procédure quelque part, et qu’elle doit être appliquée.

 

Finissons sur deux exemples :

Lorsque ZEBANK a été présenté à Bernard Arnault, ce dernier a demandé « avez-vous enregistré le nom ? ». Ce qui n’a pas été le cas.

Malheureusement ce nom de domaine en question avait déjà été enregistré une semaine plus tôt. Il a fallu 30 000 USD pour le racheter.

 

Quand Vivendi, avec J6M, a lancé son portail VIZZAVI, la surveillance des marques et noms de domaine existants n’avait pas été réalisée : l’entreprise dépensera 24 millions de francs pour réaliser un accord de coexistence avec la marque Vis-à-vis, cybercafé parisien, tenu entre autres par le porte-parole des sans-papiers (http://www.leparisien.fr/economie/vivendi-verse-24-millions-pour-proteger-vizzavi-22-07-2000-2001520430.php ).

Nom de domaine : premier servi, seul servi !

L’enregistrement des noms de domaine s’opère, pour nombre d’extensions, selon la règle du premier arrivé, premier servi. Cependant, il est important de rappeler que l’on peut également appeler ce système premier arrivé et seul servi. Le cas des homonymes est ainsi intéressant lorsque le droit des marques ne peut s’opérer en raison d’une réelle coexistence.

Qui détient AUBADE.FR ? Le créateur de lingerie ou le fabricant de sanitaires ? Quid de MONTBLANC.FR ? Le fabricant allemand de stylographes ou le créateur de crèmes dessert ? C’est pour cette raison que NISSAN.COM est aujourd’hui géré par Monsieur Nissan, un citoyen américain. Quant à LECLERC.FR, il s’agit d’un passionné de char français…

Si l’affaire peut prêter à sourire, les marques ne l’entendent pas de cette oreille. Lorsque Milka Budimir s’est vu offrir MILKA.FR pour déployer une présence sur Internet de son activité de couture, KRAFT FOOD, titulaire de la marque éponyme s’est rapidement employée à récupérer le contrôle de ce nom de domaine. C’est ainsi qu’en 2006, l’entreprise put récupérer par décision de justice le précieux nom MILKA.FR http://news.bbc.co.uk/2/hi/europe/4348585.stm.

Si cette histoire est emblématique, sachant qu’il s’agit du combat d’une multinationale contre un particulier, une récente affaire aux USA se présente comme analogue. Excepté qu’il s’agit de deux homonymes, une grand-mère versus une blogueuse star de fitness.

Heidi Powell, blogueuse américaine cherche ainsi à récupérer le nom de domaine HEIDIPOWELL.COM, enregistré et géré par un homonyme. Les accusations de cybersquatting ayant été réfutées, les droits étant analogues, la blogueuse argumente le fait que son homonyme s’est déclaré en faillite sans avoir procédé à la valorisation de son nom de domaine.

La valorisation de noms de domaine est une pratique peu commune et récente, permettant d’identifier un nom de domaine comme un véritable actif immatériel inscriptible dans certaines conditions au bilan d’une société. Mais dans ce contexte, c’est bien la première fois qu’une telle pratique se présente.

Attendons l’issue de la procédure pour voir si cette technique fonctionne. Ce qui est certain, c’est que le bad buzz associé à la procédure de récupération a engendré une forte mobilisation des internautes, assimilant ce combat au pot de terre contre le pot de fer.

Un nom de domaine racheté 1,5 millions de dollars : un investissement expliqué par l’acquéreur

rachat de nom de domaine

Selon la valorisation d’un nom de domaine existant, son rachat peut représenter un investissement conséquent. De quelques centaines à plusieurs milliers d’euros, des cas plus rare de transaction colossale existent également.

Dernièrement, le cas d’une acquisition pour un montant digne des cas d’école en la matière de 1,5 millions de dollars a été rendue publique. Noah Kagan, co-fondateur de SUMO.COM explique que le jeu en vaut parfois la chandelle dans une récente interview parue sur le site entrepreneur.com[1].

En effet, ancien cadre chez Facebook et créateur de Sumo (outil de web-marketing qui connait un franc succès), Noah a dépensé 1,5 millions de dollars pour racheter le nom de domaine qu’il espérait tant et ainsi « rebrander » sa société sumoMe.com en Sumo.com.

Après 7 ans de tentative d’acquisition du nom sumo.com, une multitude de mails au titulaire, de rachat de noms approchant pour se rassurer (comme SumoS.com), ce chef d’entreprise a enfin pu reprendre la titularité du nom pour l’équivalent, comme il le souligne dans l’article, du prix de cinq maisons à Austin où sa société est basée !
Voici les arguments de Noah Kagan expliquant sa stratégie et la raison de cet investissement conséquent :

– C’est juste un mot. Il y a un vrai choix stratégique à communiquer sur le web via un seul et unique mot. De la même manière que Mark Zuckerberg a beaucoup investi pour transformer thefacebook.com en facebook.com, Noah estime que la communication d’un seul nom a beaucoup plus d’impact et de prestige aux yeux des internautes.

– C’est un nom de domaine court, en quatre lettres. Plus un mot est court, plus il est identifiable, mémorisable et surtout, ce mot inspire confiance

– La distinction via le nom. Noah raconte que beaucoup d’entreprises communiquent avec « sumo » au contenant ou approchant dans leurs noms de domaine. Mais grâce à l’acquisition de sumo.com, Noah communique fièrement sur sa marque et peut dire sans scrupules « We are the Sumo.com »

Pour toute estimation et valorisation, n’hésitez pas à contacter les experts Nameshield.

[1] https://www.entrepreneur.com/article/288629