Augmentation de l’utilisation des noms de domaine en nouveaux gTLDs pour les cyberattaques en 2024

Augmentation de l’utilisation des noms de domaine en new gTLDs pour les cyberattaques en 2024

Un rapport de Interisle Consulting baptisé Cybercrime Supply Chain 2024: Measurements and Assessments of Cyber Attack Resources and Where Criminals Acquire Them, publié en novembre 2024, révèle que les cybercriminels ont fortement augmenté leur consommation de noms de domaine pour mener des cyberattaques et particulièrement avec les nouvelles extensions génériques.

Selon l’étude, en 2024, plus de 8,6 millions de domaines uniques ont été utilisés dans des cyberattaques contre 4,8 millions en 2023, soit une augmentation de 81 %. Elle rapporte également que les cybercriminels enregistrent souvent des noms de domaine d’apparence légitime (cybersquatting) pour faciliter la perpétration de leur fraude, pratique très aisée au regard du fait que nombre de bureaux d’enregistrement n’appliquent pas de vérification de l’identité du déposant ou de l’existence de noms de marque établis au moment du dépôt.

Le rapport avance également que, à cette fin, les fraudeurs démontrent un penchant grandissant pour les nouvelles extensions génériques, une conclusion corroborée par les données du service Nameshield de lutte contre le cybersquatting et des centres d’arbitrage habilités pour régler, via des procédures extrajudiciaires, des litiges relatifs aux noms de domaine.

Les nouvelles extensions génériques, qu’est-ce que c’est ?

Compte tenu de l’importance croissante d’Internet dans le monde économique, social et culturel, l’ICANN a lancé en 2012, un appel à candidatures afin d’introduire de nouveaux gTLDs de premier niveau.

L’ouverture aux new gTLDs a mis sur le marché plus de 1500 nouvelles extensions, de trois types : sectorielles (ex. : .poker, .music, .hotel, .sport, etc.), géographiques (.paris, .bzh, .africa, .vegas, etc.) et corporate, offrant aux entreprises la possibilité d’utiliser une marque ou une dénomination sociale comme extension (ex : .loreal, .alstom, .apple, .microsoft, etc.).

Elles se sont alors ajoutées aux extensions génériques historiques, les plus répandues (ex : .com, .net, .org, .info, .biz, etc.) et aux extensions géographiques pouvant identifier un pays ou un territoire (ex : .fr, .be, .de, .cn, etc.).

Les nouvelles extensions génériques ont la part belle auprès des cybercriminels

Dans le cadre de l’étude de Interisle Consulting, l’usage cybercriminel des noms de domaine est examiné sous l’angle de trois vecteurs d’attaque les plus courants et les plus coûteux pour les entités ciblées : les logiciels malveillants, l’hameçonnage et le spam. Les données de l’étude ont été établies à partir de rapports sur ces trois types de fraude recueillis auprès de onze services de renseignements sur les menaces et services de réputation, publics ou commerciaux.

Pour les besoins de l’analyse, les extensions ont été divisées en quatre catégories : les .com et .net ; les autres extensions génériques et introduites avant 2013 comme les .org, .biz et .info ; les extensions géographiques dites ccTLDs (e.g. .fr, .de, .cn, .co…) ; les nouvelles extensions génériques introduites à partir de 2014 (e.g. .top, .shop, .vip, .xyz…).

Augmentation de l’utilisation des noms de domaine en nouveaux gTLDs pour les cyberattaques en 2024
Répartition par extension des noms de domaine déposés entre septembre 2023 et août 2024

Or, l’analyse des rapports collectés révèle que si les noms de domaine en .com et .net représentent près de la moitié de l’ensemble des noms de domaine enregistrés entre septembre 2023 et août 2024, ils ne représentent qu’un peu plus de 40 % des domaines identifiés comme étant exploités à des fins cybercriminelles. Et, bien que les nouvelles extensions génériques introduites ces dernières années ne représentent que 11 % du marché des noms de domaine, elles sont à l’origine d’environ 37 % des domaines cybercriminels signalés entre septembre 2023 et août 2024.

Augmentation de l’utilisation des noms de domaine en nouveaux gTLDs pour les cyberattaques en 2024
Répartition par extension des noms de domaine cybercriminels entre septembre 2023 et août 2024

L’étude va un cran plus loin en classant les noms de domaine signalés pour des activités cybercriminelles en deux catégories : les noms de domaine enregistrés à dessein pour commettre un acte malveillant ou criminel (domaines enregistrés à des fins malveillantes) et les noms de domaine enregistrés à des fins légitimes mais « compromis » par des criminels à la suite d’une cyberattaque. Cette distinction permet d’observer que les nouvelles extensions génériques sont employées dans environ 49 % des cas de noms de domaine enregistrés à des fins malveillantes, durant la période étudiée.

Augmentation de l’utilisation des noms de domaine en nouveaux gTLDs pour les cyberattaques en 2024
Répartition par extension des noms de domaine enregistrés à des fins malveillantes entre septembre 2023 et août 2024

Les nouvelles extensions, connues pour leurs exigences minimales en matière d’enregistrement et leurs faibles coûts, sont de plus en plus privilégiées par les fraudeurs. Par exemple, parmi les extensions ayant les scores les plus élevés en matière de cybercriminalité dans l’étude, neuf proposaient des frais d’enregistrement inférieurs à 1,00 $, et vingt-deux proposaient des frais inférieurs à 2,00 $. À titre de comparaison, le prix le plus bas identifié pour un nom de domaine .com était de 5,91 $ sur la période de l’étude.

Le rapport établit ainsi un TOP 5 des principaux TLD pour lesquels le plus grand nombre d’enregistrements malveillants ont été signalés en 2024 : on y retrouve trois nouvelles extensions génériques, les .top, .xyz et .shop.

Augmentation de l’utilisation des noms de domaine en nouveaux gTLDs pour les cyberattaques en 2024
TOP 5 des principaux TLD pour lesquels le plus grand nombre d’enregistrements malveillants ont été signalés en 2024

Gros plan sur le cybersquatting, une tendance similaire

Interisle Consulting a déterminé un ensemble de critères afin de pouvoir catégoriser les noms de domaine enregistrés à dessein de commettre un acte malveillant, et les distinguer des noms de domaine compromis à des fins d’activités cybercriminelles. L’usage de cybersquatting fait partie de ces critères de détermination, il n’en constitue toutefois pas le seul.  

Le cybersquatting est une technique qui consiste à enregistrer de manière abusive un nom de domaine identique ou approchant à une marque, un nom commercial, un patronyme ou toute autre dénomination sur laquelle le déposant n’a aucun droit, souvent à des fins malveillantes. Les répercussions pour les entités légitimes sont nombreuses, et souvent coûteuses : pertes financières, atteinte à la réputation de la marque, atteintes sécuritaires.

Accompagnant plus de 300 entités dans la lutte contre le cybersquatting, nous vous proposons ici de faire une étude détaillée sur les extensions les plus utilisées par les fraudeurs usant de cette technique. Les données étudiées ci-dessous se rapportent, sur l’année 2024, aux noms de domaine analysés par notre équipe d’analystes, et catégorisés par ces derniers, lors de leur détection par nos outils, comme relevant de manière certaine de cybersquatting à l’encontre des marques surveillées pour nos clients. De par le nombre et la typologie de ces clients, cette analyse ne peut s’avérer être objective et probante, mais a l’avantage d’apporter une tendance.

D’après les résultats de notre service de lutte contre le cybersquatting, en reprenant le découpage utilisé par Interisle Consulting pour classer les extensions, les TLDs génériques .com et .info tiennent la tête du podium des extensions les plus communément utilisées pour déposer des noms de domaine trompeurs. L’extension .com se distingue par le fait qu’un peu moins de la moitié des noms de domaine, relevant d’un risque certain, alertés à nos clients ont été déposés avec celle-ci.

Augmentation de l’utilisation des noms de domaine en new gTLDs pour les cyberattaques en 2024
Répartition par extension des noms de domaine qualifiés comme relevant du cybersquatting en 2024

En seconde position, se retrouvent les extensions géographiques, dites ccTLDs : elles représentent un peu plus d’un quart des extensions les plus observées comme étant employées pour le dépôt de noms de domaine trompeurs. Les extensions .fr, .de, .pl, .ru et .cn ont été les cinq premières ccTLDs les plus observées par notre service de surveillance en 2024.

En troisième position, les nouvelles extensions génériques représentent près d’un cinquième des extensions observées dans les cas de cybersquatting remontés par Nameshield pour ses clients, l’extension .shop devançant de loin les autres. Elle est suivie par les .online, .top, .site et .store.

Top 10 des nouvelles extensions génériques utilisées pour le dépôt de noms de domaine qualifiés comme relevant du cybersquatting en 2024
Top 10 des nouvelles extensions génériques utilisées pour le dépôt de noms de domaine qualifiés comme relevant du cybersquatting en 2024

Si ces observations ne rejoignent pas tout à fait celles de l’étude d’Interisle Consulting, notre service constate également une hausse de l’emploi des nouvelles extensions génériques en 2024 par rapport à 2023. En 2023, 12% des noms de domaine déposés et catégorisés comme relevant de cybersquatting par notre équipe lors de leur détection étaient déposés avec une nouvelle extension générique, contre 19% en 2024.

Augmentation de l’utilisation des noms de domaine en new gTLDs pour les cyberattaques en 2024
Répartition par extension des noms de domaine qualifiés comme relevant du cybersquatting en 2023

Parmi le Top 20 des extensions les plus observées par notre service comme ayant été utilisées pour déposer des noms de domaine relevant du cybersquatting en 2024, on observe globalement une hausse de l’emploi des nouvelles extensions génériques par rapport à 2023, à l’exception du .site :

20242023
.com53,19%57,46%
.info7,07%8,12%
.fr6,98%11,80%
.shop6,25%1,41%
.de3,40%0,58%
.pl2,76%0,34%
.net2,58%6,36%
.online2,22%1,55%
.ru1,99%1,10%
.org1,77%2,72%
.cn1,40%0,69%
.top1,36%0,55%
.site1,31%1,41%
.store1,27%0,69%
.br1,27%0,52%
.today1,13%0,00%
.xyz1,09%0,69%
.es1,04%0,17%
.uk1,00%1,10%
.co0,91%0,65%

Une tendance que l’on peut recouper par les décisions de plaintes extra-judiciaires

Établie sur proposition de l’ICANN, la procédure extrajudiciaire UDRP (« Uniform Domain-Name Dispute Resolution Policy ») permet de sanctionner des atteintes manifestes et incontestables à un droit de marques résultant de la réservation par des tiers de noms de domaine identiques ou similaires (cybersquatting).

L’UDRP s’applique aux extensions génériques (gTLDs) et nouvelles extensions (new gTLDs), mais aussi à certaines extensions géographiques (ccTLDs) dont l’organe d’enregistrement a accepté les principes UDRP. Le champ d’application de cette procédure est international, elle offre un mécanisme simple de règlement des litiges, via un centre d’arbitrage accrédité par l’ICANN.

Les noms de domaine pour lesquels un arbitrage a été requis auprès d’un centre accrédité ne permettent pas d’illustrer avec exactitude la réalité du cybersquatting, parce que les données statistiques qui en sont tirées ne reflètent que les marques pour lesquelles les titulaires ont adopté une stratégie de surveillance et de remédiation face aux cas d’atteinte et ne représentent par ailleurs qu’une seule typologie d’action de remédiation pouvant être réalisée. Les autres, à l’instar des suspensions de sites web (takedowns), ne font pas l’objet de données statistiques regroupées et ne peuvent donc pas être analysées.

L’analyse[1] des extensions les plus communément observées dans les dossiers de type UDRP en 2024 révèle un Top 10 composé de 6 nouvelles extensions génériques, et avec à sa tête le .com ayant une forte longueur d’avance. Cette extension représente 80.44% des cas traités parmi ce Top 10, ce qui constitue toutefois une baisse par rapport au taux de 86.94% recensé en 2023. Et si les extensions qui constituent le Top 10 2024 sont identiques à celles 2023, la part que représentent les dossiers UDRP portant sur les nouvelles extensions génériques a augmenté pour chacune d’elles.

20242023
1.com80,44%86,94%
2.shop5,52%1,94%
3.net4,49%3,78%
4.org2,79%2,41%
5.online1,90%1,27%
6.store1,17%1,00%
7.top1,16%0,64%
8.xyz1,13%0,63%
9.site0,99%0,53%
10.info0,40%0,86%

Les procédures UDRP ne pouvant pas s’appliquer à tous les dossiers relatifs à des extensions géographiques, sauf à celles pour lesquelles l’organe d’enregistrement a accepté les principes UDRP, ce Top 10 recoupe très fortement les extensions les plus observées par notre service comme ayant été utilisées pour déposer des noms de domaine à des fins de cybersquatting en 2024.

Face à ce constat, quelles solutions ?

Pour se prémunir de l’enregistrement de noms de domaine proches de votre marque, la première mesure à prendre est de construire un portefeuille de noms de domaine optimisé, qui comprend une stratégie de dépôt défensif. Il s’agit de déposer et de renouveler des noms de domaine avec votre marque à l’exact sur un large éventail d’extensions, et en particulier les extensions les plus fraudogènes, les extensions sectorielles correspondant au secteur d’activité de la marque et celles considérées comme étant à risque parce qu’elles ne bénéficient pas d’une procédure de résolution de litiges. Il est possible de compléter cette approche par le dépôt de noms de domaine avec votre marque sous ses variantes les plus plausibles, afin de se prémunir des formes de typosquatting qui seraient les plus à même de tromper les utilisateurs.

Toutefois, il est impossible aujourd’hui pour une entité d’avoir une approche défensive exhaustive, c’est-à-dire déposer autant de noms de domaine que nécessaire pour se prémunir de fraudes autour de cet actif stratégique, tant les acteurs malveillants ont de possibilités créatives.

Aujourd’hui, l’un des moyens les plus efficaces de lutter contre la fraude au cybersquatting est de détecter au plus tôt les cas d’atteintes aux marques. En effet, la capacité à les détecter dès l’instant de leur dépôt détermine la possibilité de mettre en place des contre-mesures adaptées. Les solutions de détection utilisées doivent être puissantes : chaque jour des centaines de milliers de nouveaux noms de domaine sont enregistrés à travers le monde, et parmi eux se cache un nombre indéterminé de vecteurs de fraude. Les solutions de surveillance doivent donc être en mesure de détecter l’ensemble des noms de domaine nouvellement observés et usurpant une marque donnée, qui doit être recherchée à l’identique ou à partir d’un très large panel de variations, ainsi qu’en association avec des mots-clés et concepts propres à son champ lexical.

En tant que registrar corporate souverain et expert dans la protection des noms de domaine stratégiques de ses clients contre les cybermenaces, Nameshield peut vous accompagner et vous proposer des solutions pour protéger votre marque en ligne.

Pour aller plus loin, retrouvez notre dernier webinar « Phishing, faux sites de e-commerce : comment protéger sa marque en ligne » et découvrez comment remédier aux atteintes à votre marque.


[1] Ces données ont été collectées à partir des données rendues disponibles par l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle (OMPI, WIPO en anglais), du National Arbitration Forum (NAF), de la Czech Arbitration Court (CAC), du Canadian International Internet Dispute Resolution Centre (CIIDRC) et de l’Asian Domain Name Dispute Resolution Centre (ADNDRC).

Municipales 2020 : les noms de domaine buzyn2020.fr et buzyn2020.paris renvoient vers le site de campagne d’Anne Hidalgo

Cybersquatting - Municipales 2020 : les noms de domaine buzyn2020.fr et buzyn2020.paris renvoient vers le site d’Anne Hidalgo
Source de l’image : Sadnos via Pixabay

A la suite de l’annonce, dimanche 16 février, de la candidature d’Agnès Buzyn aux élections municipales de Paris, plusieurs journalistes politiques ont découvert lundi que le nom de domaine buzyn2020.fr était déposé mais renvoyait vers Paris en commun, le site de campagne d’une toute autre candidate, Anne Hidalgo.

Plusieurs autres noms ont été enregistrés dimanche soir, redirigeant également vers la page d’accueil de Paris en commun dont buzyn2020.paris, agnesbuzyn2020.fr et agnesbuzyn2020.com. Si plusieurs de ces noms ont été déposés anonymement, deux d’entre eux l’ont été par l’association Montreuil en Commun, un groupe de « quatre conseillers municipaux » qui se dit « sans aucune étiquette politique » et qui explique à Numerama que  le fait que ces noms étaient disponibles est « révélateur de l’improvisation de sa candidature et de la légèreté de LREM s’agissant d’une affaire sérieuse comme une candidature à la mairie de Paris  ».

Sensibilisation aux risques de cybersquatting

La candidate LREM ne pourra pas non plus utiliser le nom de domaine buzyn2020.com qui a été déposé lundi par une société de conseil en gestion de risques et de crises, Crisalyde. En déposant ce nom, la société a souhaité sensibiliser aux risques de cybersquatting.

« J’ai profité de l’occasion pour faire de la sensibilisation. C’est mon métier, j’ai vu un risque et je l’ai exploité », explique au Parisien Selim Miled, le président de Crisalyde.

Le cybersquatting est une pratique consistant à s’accaparer, en le déposant, un nom de domaine, reprenant ou évoquant une marque, un nom commercial, un patronyme ou toute autre dénomination sur laquelle le déposant n’a aucun droit et ce afin de tirer un profit matériel ou moral de sa notoriété présente ou à venir.

Crisalyde a ainsi enregistré 6 noms de domaine : buzyn.paris, agnesbuzyn2020.paris, buzynpourparis.com, buzynpourparis.fr, buzyn2020.info et buzyn2020.com. «Dès que l’équipe d’Agnès Buzyn me contactera, je leur céderai le nom de domaine au prix acheté, avec un conseil amical» ajoute Selim Miled.

Quelle stratégie adopter face au cybersquatting ?

L’équipe d’Agnès Buzyn devra entrer en contact avec les personnes qui ont déposé ces noms, qui pourront décider de les rendre gracieusement ou de leur revendre à des prix qu’ils auront fixés.

Toutefois il existe des actions de lutte visant à récupérer un nom de domaine cybersquatté, telle que la procédure UDRP (Uniform Domain Name Dispute Resolution Policy). Cette procédure permettra alors la suppression ou le transfert du nom de domaine (pour en savoir plus, un webinar sur les procédures de récupération des noms de domaine est disponible en replay sur le site de Nameshield).

Et enfin, afin d’éviter tout risque de cybersquatting, il est conseillé de mettre en place une surveillance des dépôts de noms de domaine, pour être ainsi alerté immédiatement de tout nouveau enregistrement de noms de domaine pouvant potentiellement porter atteinte à votre notoriété ou à votre activité.

Pour plus d’informations sur notre expertise en protection des marques en ligne et les procédures de récupération de noms de domaine, n’hésitez pas à prendre contact avec un consultant Nameshield.

Vers un web 100% chiffré, les nouveaux challenges du HTTPS

Entre mars 2016 et mars 2017, Let’s Encrypt a émis 15 270 certificats SSL contenant le terme « PayPal » ; 14 766 d’entre eux ont été émis pour des domaines menant vers des sites de phishing. C’est le résultat de la récente analyse menée par Vincent Lynch, expert SSL.

Paypal fake or real

Lynch s’est intéressé de près à ce cas à la suite d’un article très intéressant publié par Eric Lawrence (Google Chrome Security Team) en janvier 2017, le visuel ci-dessus est tiré de cet article, dénommé « Certified Malice » qui dénonçait les certificats SSL frauduleux et dénombrait alors « seulement » 709 cas pour PayPal, et bien d’autres sur toutes les plus grandes marques américaines : BankOfAmerica, Apple, Amazon, American Express, Chase Bank, Microsoft, Google…

Quel impact pour l’internaute ?

En Janvier 2017, Google et Mozilla ont mis à jour leur navigateur avec Chrome 56 et Firefox 51, et un changement majeur est intervenu pour les internautes : l’apparition des termes « Sécurisé » ou « Non sécurisé » dans la barre d’adresse.

Vers un web 100% crypté, les nouveaux challenges du HTTPS

En 2015, l’initiative Let’s Encrypt, supportée par les grands noms de l’internet (EFF, Mozilla, Cisco, Akamaï…) voyait le jour avec pour objectif de diffuser en masse et gratuitement des certificats SSL au monde entier. Un an et demi plus tard, Let’s Encrypt a délivré des millions de certificats, et d’autres initiatives de ce type ont suivi.

Qui dit gratuit, dit peu ou pas de vérification pour délivrer les certificats, et toute une armée de cybercriminels qui se sont rués vers ces certificats pour sécuriser leurs contenus illicites : phishing, malware… et afficher ainsi le terme « Sécurisé » dans leur barre d’adresse. Comment l’internaute lambda peut-il facilement différencier le vrai du faux ?

Pour mémoire, il existe trois niveaux de vérification lors de l’émission des certificats permettant d’afficher HTTPS : Domain Validation (DV) considéré comme de l’authentification faible, Organization Validation (OV) à authentification forte et Extended Validation (EV) à authentification renforcée. Les certificats gratuits sont des DV, et représentent près de 90% des certificats, la plupart du temps sur des « petits » sites web. Les certificats OV (9%) et EV (1%) sont peu nombreux mais protègent la quasi-totalité des sites web à très fort trafic. Les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) sont tous en OV ou EV par exemple.


Niveaux de vérification lors de l’émission des certificats permettant d’afficher HTTPS

Le problème pour l’internaute est l’absence de différenciation dans les navigateurs entre les certificats DV et OV. Ces deux types sont affichés de la même manière, étant comme « Sécurisés », alors que les certificats EV affichent le nom du titulaire dans la barre d’adresse.

En reprenant le visuel du début de cet article, on comprend aisément l’intérêt du EV pour PayPal : permettre de distinguer facilement le vrai du faux. Et c’est la raison pour laquelle Nameshield conseillera systématiquement l’emploi du EV pour les sites vitrines, en particulier pour ses clients exposés au cybersquatting, phishing ou encore contrefaçon.


Deux forces qui s’opposent pour l’avenir du HTTPS

Malheureusement les choses ne sont pas aussi simples et là où la logique voudrait qu’on différencie clairement les trois types de certificat, ou en tout cas au moins deux types (DV/OV), Google ne l’entend pas de cette oreille et souhaite à l’inverse supprimer cette notion d’affichage EV. Chris Palmer (Senior Software Engineer pour Chrome) le confirme à demi-mot dans son article paru ici.

Nous sommes donc aujourd’hui dans une situation où les Autorités de Certification historiques, Microsoft et dans une moindre mesure Apple, font face à Google, Mozilla et Let’s Encrypt dans une vision que l’on peut résumer comme suit :

Vision de Google/Mozilla/Let’s Encrypt :

HTTP = Non Sécurisé

HTTPS = Sécurisé

Vision des AC historiques/Microsoft/Apple :

HTTP = Non Sécurisé

HTTPS DV = pas d’indicateur dans la barre d’adresse

HTTPS OV = Sécurisé

HTTPS EV = Nom de la société dans la barre d’adresse

La discussion est ouverte en ce moment même, au sein de l’instance supérieure du SSL qu’est le CAB/forum. On peut facilement comprendre que les Autorités de Certification voient d’un très mauvais œil la fin de la différenciation visuelle entre DV/OV/EV dans les navigateurs, c’est leur raison d’être de délivrer des certificats à authentification forte, mais est-ce seulement un tort ? Il s’agit quand même de rassurer l’internaute en lui garantissant l’identité du site qu’il visite.

A l’inverse, Google et Let’s Encrypt n’hésitent pas à dire que les notions de phishing et de garantie de contenu des sites web, ne sont pas du ressort des Autorités de Certification, et que d’autres systèmes existent (par exemple, Google Safe Browsing), et qu’en conséquence il faut avoir une vision binaire : les échanges sont chiffrés et inviolables (= HTTPS = Sécurisé) ou ils ne le sont pas (= HTTP = Non sécurisé). On peut simplement se demander si au travers de cette vision qui se défend également, ce n’est pas plutôt un problème de sémantique du terme employé : Sécurisé.

Que veut dire « Sécurisé » pour l’internaute ? Est-ce qu’en voyant « Sécurisé » dans sa barre d’adresse, il sera enclin à entrer ses login/password ou son numéro de carte bancaire ? On peut penser que oui et dans ce cas, le risque actuel est bien présent. Kirk Hall (Director Policy and Compliance – SSL, Entrust) a fait une intervention remarquée à la dernière conférence RSA sur ce sujet (si vous avez un peu de temps, l’enregistrement est ici).

Enfin, il ne faut pas négliger le poids de l’industrie financière ni des grandes marques qui voient d’un très mauvais œil l’augmentation du risque de fraude en ligne et que ne peut décemment pas totalement ignorer Google.

Comment rassurer l’internaute ?

Pour le moment nous ne pouvons que vous encourager à opter pour les certificats Extended Validation pour vos sites vitrines et/ou de e-commerce afin de faciliter la tâche des internautes et à rester à l’écoute de ce qui se passe sur le web. Rassurer et éduquer également les internautes en n’hésitant pas à mentionner sur vos sites les choix que vous faites en termes de sécurité et d’authentification.

Au même titre que vous surveillez certainement les dépôts de nom de domaine sur vos marques, vous pouvez aujourd’hui également surveiller les enregistrements de certificats, et ce pour réagir rapidement.

Et en tant qu’internaute, lorsque le terme « sécurisé » est mentionné dans la barre d’adresse, systématiquement contrôlez les détails du certificat pour voir qui en est le titulaire.