.BRAND : 4 épisodes, de quoi tenir tout l’été

. brand : 4 épisodes, de quoi tenir tout l’été
Photo : CC BY-SA 3.0 Nick Youngson – source : http://nyphotographic.com/

Acte 3 : La dépression

 

Il y a encore cinq ans, le nombre d’extensions de noms de domaine était correct : moins de 500. Il était encore possible d’enregistrer sa marque et le nom de son entreprise dans l’extension de son choix et de visualiser les dépôts frauduleux. Les attaques étaient peu communes et l’on se défendait lorsque des petits malins faisaient des dépôts litigieux. Certaines extensions n’acceptaient d’ailleurs que des sous-domaines, tel que l’Australie et le Royaume-Uni. Impossible d’enregistrer à la racine et impossible surtout d’enregistrer sans avoir de droit quelconque : .CO.UK pour les entreprises, .AC.UK pour le monde académique,…

Mais ça c’était avant.

 

Saga noms de domaine en .brand - Nombre TLD délégués

 

Arrivèrent ensuite quelques extensions génériques et si les rares extensions créées ne causèrent que peu de problème (.MUSEUM, .MOBI, .AERO,…), ce ne fut pas le cas du millier de nouvelles extensions déléguées suite au programme des new gTLDs ouvert le 12 janvier 2012. Bien que des marques aient déposé des .BRAND ou .SOCIETE pour protéger leurs territoires, de nombreuses extensions étaient ouvertes et la course à l’enregistrement permit à certains de créer de gros dégâts. L’enregistrement de BLOOMBERG.MARKET et de VINCI.GROUP en sont deux exemples particulièrement médiatisés.

Aujourd’hui, la gestion des noms de domaine est gérée par des personnes dédiées à cette activité, majoritairement au sein des départements juridique, marketing et SI.

Mais alors que faire ? Enregistrer son nom de domaine dans toutes les extensions ? Dépenser une somme importante en procédures de récupération de noms de domaine ? Un entre-deux ?

Des alternatives intéressantes sont nées de l’ouverture des new gTLDs :

  • Créer une extension fermée avec des sous-domaines permettant de retrouver le lien identification-confiance, tel que le projet du .FX que j’ai présenté voici quelques jours à NetWare2017 ;
  • Créer sa propre extension : certaines le font déjà très bien, telles que .BNPPARIBAS ou .LECLERC ;
  • Aider l’internaute final et c’est le projet du CEO de Nameshield à travers Brandsays, une extension pour navigateur.

Si les marques continuent à déposer légitimement des noms de domaine, elles développent également d’autres moyens d’accès, tels que le SEO ou les réseaux sociaux.

Alors que l’INTA dans sa récente étude mettait en avant des chiffres impressionnants concernant les actions défensives, il convient de se poser la bonne question pour la bonne action. Nous verrons ainsi dans le quatrième et dernier épisode de cette saga de l’été, comment comprendre la stratégie d’un .BRAND.

 

Lire l’acte 1 : Le déni (et la colère)

Lire l’acte 2 : L’expression

Lire l’acte 4: La reconstruction

.BRAND : 4 épisodes, de quoi tenir tout l’été

. brand : 4 épisodes, de quoi tenir tout l’été
Photo : CC BY-SA 3.0 Nick Youngson – source : http://nyphotographic.com/

Acte 2 : L’expression

 

Nous en étions restés à l’époque où les marques n’ont pas senti le vent tourner, les techniques évoluer et les noms de domaine déposés. (Lire l’acte 1 : Le déni (et la colère))

L’exemple McDonalds est en ce sens intéressant. En 1994, Wired, magazine américain créé un an plus tôt, communique sur le cas de mcdonalds.com. Joshua Quittner, journaliste chez Newsday, contacte McDonald’s pour leur demander si l’enregistrement de mcdonalds.com les intéresserait. Pas ou peu de réponse. Il enregistre le nom, contacte McDonald’s qui ne lui répond pas. Puis publie son article sur Wired en mettant en adresse de contact ronald@mcdonalds.com.

McDonald’s se plaint et Quittner demande une donation pour les œuvres de charité : ce sera 3500 USD pour l’équipement en informatique d’une école de New York.

Noms de domaine mcdonalds.com - .brand: 4 épisodes de quoi tenir tout l'été

 

On se souviendra en analogie d’un ouvrier russe demandant un cadeau à Vladimir Poutine : ce dernier ne pouvant refuser face à la caméra, lui offrira sa montre, d’une valeur d’un an de salaire.

Les attaques virulentes des marques sont légion pour récupérer les noms de domaine de petits plaisantins, dont certains sont internes à l’entreprise, tel est le cas pour mtv.com.

Les marques se fédèrent entre elles, contactent l’ICANN afin de développer des procédures simplifiées, même si, selon le fameux trademark dilemna, l’organisme américain était au courant depuis longtemps du risque de cybersquatting.

Du côté des juristes, des formations se lancent de chaque côté de l’Atlantique et les UDRP, SYRELI, URS et autres se développent afin de défendre les territoires numériques.

La France, connue depuis longtemps comme un pays adepte des marques, ne se laissera pas faire et est aujourd’hui le deuxième pays au monde en termes de résolutions de litiges concernant les noms de domaine.

Ainsi, dans le territoire virtuel, et à contrario du réel, la police est financée par les marques. Les titulaires de territoire, assimilables à des pays, ne font rien ou presque : récupérer un .Fr peut être faisable via une procédure SYRELI alors que chez nos amis d’outre-Rhin, aucune procédure alternative n’existe : pour demander son .DE, c’est le tribunal ou rien.

Malgré tout, une économie de défense de marques s’organise et un écosystème y est ainsi développé. Tout semble bien se passer, jusqu’à l’arrivée des nouvelles extensions, appelée dans le milieu, le premier round….

 

Lire l’acte 3 : La dépression

Juillet noir pour le .xyz

New gTLD- .XYZ non renouvelé

Le leader en volume des nouveaux gTLDs a vu son fichier de zone réduit de plus de la moitié.

Alors qu’il démarrait son mois de juillet avec plus de 5,2 millions de noms de domaine enregistrés dans sa zone, il n’en comptait plus que 2,5 millions le lundi 17, laissant pendant ce temps le .top revenir au sommet.

Comment expliquer un tel phénomène ?

Tout d’abord, l’extension multigénérationnelle n’échappe pas à la loi du non renouvellement.

Une année après avoir déposé massivement au tarif dérisoire de 0,01$ ou même reçu gratuitement leurs noms de domaine en .xyz, les acquéreurs ne renouvellent tout simplement pas ces derniers, d’où un fichier de zone considérablement diminué.

Enfin et surtout, une grande partie des non-renouvellements vient de l’interdiction faite aux registres par le Ministère Chinois de l’Industrie et des Technologies de l’Information de vendre des .xyz.

Or, la moitié des noms de domaine enregistrés en .xyz était détenue par des Chinois.

L’affaire serait en cours de résolution, le .xyz n’a donc pas encore tapé son point final.

L’acquisition de Rightside Group par Donuts se concrétise

New gTLDs - Acquisition Rightside par Donuts

C’est à la mi-juillet que l’ICANN a donné son accord relatif à la fusion de la société Rightside Group, le registre à l’origine de 40 new gTLDs (.ATTORNEY, .NINJA, .PUB, .DENTIST, .NEWS, .ROCKS, .LIVE, etc.), et de l’autre registre bien connu dans le monde des nouveaux gTLDs, Donuts Inc (plus de 200 TLDs : .LIFE, .LOANS, .MEDIA, .SOLUTIONS, .WORLD, etc.).

Donuts va donc acquérir Rightside au prix de 10.60 $ par action dans le cadre d’une offre publique d’achat, soit une opération d’environ 213 millions au total.

Donuts, déjà largement dominant de par ses centaines d’extensions, continue de renforcer sa position et profite des difficultés rencontrées par certains registres souffrant d’un déficit de succès commercial.

Cette nouvelle opération met en lumière un constat : de nombreuses nouvelles extensions n’ont pas obtenu l’engouement espéré et les registres qui les avaient créées sont en difficultés.

Se dirige-t-on lentement mais sûrement vers une récupération par Donuts des registres infructueux cherchant à limiter les pertes ?

.BRAND : 4 épisodes, de quoi tenir tout l’été

. brand : 4 épisodes, de quoi tenir tout l’été
Photo : CC BY-SA 3.0 Nick Youngson – source : http://nyphotographic.com/

 

Acte 1 : Le déni (et la colère)

 

La marque, un territoire défendu. Tout se joue à coups d’attaques, de plaintes, de tribunaux. Un monde impitoyable. Depuis le 23 juin 1857 et la création par la France du premier système de marques, il est possible de bénéficier d’un droit d’usage exclusif d’un terme sur différentes applications. Sinon, la loi arrive. L’arrivée d’Internet va bouleverser ce fondement.

Si l’on se souvient du conflit Milka contre Kraft foods qui donna lieu à l’opposition célèbre entre Milka Budimir, couturière de Bourg-lès-Valence, et le géant américain Kraft Foods au sujet du nom de domaine milka.fr, on peut surtout retenir les cas de nombreux titulaires de noms de domaine qui réussirent à gagner les attaques contre plus gros qu’eux.

 

L’expression du pot de terre contre le pot de fer s’illustre en France avec leclerc.fr, nom de domaine enregistré par un particulier fan du char Leclerc. Malgré une tentative de récupération de type SYRELI, l’enseigne de commerçants ne réussit jamais à obtenir ce fameux nom de domaine. On gardera pour la postérité la justification du particulier dans son argumentaire : « […] dans la vie il n’y a pas que les centres commerciaux et la consommation, la France est avant tout un pays d’histoire, une histoire forte dont nous pouvons être tous fiers ! »

 

.Brand - Site internet leclerc.fr
Site Internet leclerc.fr

 

Aux États-Unis, le cas de Nissan Computers est intéressant. La société d’informatique, peu connue, a été enregistrée d’après le nom de son propriétaire, Uzi Nissan. La société éponyme japonaise Nissan Motors fit évidemment la moue devant le dépôt de nissan.com et tenta de récupérer le nom de domaine en question. Malgré une campagne médiatique incessante et de nombreuses attaques, nissan.com reste aujourd’hui la propriété de Nissan Computers. Nissan Motors utilise aujourd’hui nissanusa.com pour son activité étatsunienne. Dans ce cas, le site Internet nissan.com ne reflète que peu l’activité de vente informatique de la société Nissan Computers. On pourra plutôt retrouver une vive attaque contre Nissan Motors. Le bad buzz en pleine action…

.brand - Site internet nissan.com
Site Internet nissan.com

 

Que peut-on garder en mémoire à travers ces deux expériences ? Une moelle relativement intéressante : le nom de domaine, cet actif immatériel représentant l’image d’une entreprise, n’a pas fait l’objet d’une veille suffisante de la part de multinationales.

 

Lire l’acte 2 : L’expression

Schmidt lance son nouveau site en .marque : Home-design.schmidt

Schmidt est une des premières marques françaises de cuisines, mais aussi le premier exportateur de meubles de cuisine en France.

Le réseau Schmidt a décidé de lancer son nouveau site web en « .marque » (Dot Brand), .schmidt et a ainsi rejoint plusieurs grandes sociétés qui ont fait ce pari telles que BNP Paribas (mabanque.bnpparibas), la Maif (voyagepro.maif), le Club Med (corporate.clubmed) ou la dernière en date, SNCF (oui.sncf).

Schmidt a choisi de regrouper ses activités sous la dénomination « home design », qui reflète bien son cœur de métier. L’enseigne ne s’est pas seulement dédiée au monde de la cuisine, mais propose également des salles de bain et des meubles sur mesure pour toute la maison : dressing, meubles TV, rangements, …, le tout avec une touche design.

Le nom de domaine home-design.schmidt permet d’une part d’optimiser son référencement sur les moteurs de recherche (SEO) et d’autre part de faciliter son développement et sa communication à l’international. Après avoir été lancé fin avril en Grande-Bretagne, le site arrive en Belgique, et poursuivra avec l’Espagne, l’Italie et la Suisse d’ici le 4 juillet prochain.

Le nom de domaine home-design.schmidt est facilement reconnaissable et mémorisable pour le grand public.

Site en .marque home-design.schmidt
Site internet home-design.schmidt

Mais quel est l’intérêt pour les marques d’avoir leur propre extension ?

Certaines entreprises en 2013 (dont une trentaine d’entreprises françaises) ont souhaité détenir leur propre extension « .marque » afin de capitaliser sur leur marque phare. La plupart d’entre elles ont voulu sécuriser et protéger leur espace de nommage (limiter les intermédiaires dans la chaîne des acteurs intervenant sur l’enregistrement d’un nom de domaine). Le but aussi est d’avoir un nom de domaine réellement distinctif et rassurant pour le consommateur final. Les marques se battent contre le cybersquatting, mais c’est une guerre sans fin. Cela représente un budget annuel important et ne limite pas suffisamment les dégâts. Le message des marques détentrices d’un « .marque » (dot brand) est le suivant : si vous n’êtes pas sur mon site en .marque, c’est que vous n’achetez pas des produits ou services de ma marque.

Cette pratique de communiquer en « .marque » n’est pas encore assez connue du grand public. Il va bien sûr falloir sensibiliser les internautes afin de redoubler de prudence lors de leur navigation, et cela passe par la vérification du nom de domaine.

Donc avoir son « .marque » est un élément différenciateur et sera de plus en plus utilisé à des fins marketing.

 

Site en ".marque" ma.cuisinella
Site internet ma.cuisinella

Lancement d’un dot brand pour le plus gros site e-commerce français

Lancement d’un dot brand pour le plus gros site e-commerce français
OUIGO – Photo de Kabelleger / David Gubler

 

Il y a deux semaines, la SNCF annonçait qu’elle lançait un important programme de rebranding autour du terme « OUI ». Nous connaissions déjà OUIGO pour les trains low costs, et OUIBUS pour les lignes de bus longues distances, nous découvrons désormais INOUI, les TGV nouvelles générations munis de wifi.

L’objectif de la SNCF est d’avoir une offre plus claire et se distinguer de la concurrence. Le monopole de la SNCF sur les lignes ferroviaires s’arrête en 2021 et il est temps de se différencier. « TGV » est un terme trop générique qui n’est pas suffisamment distinctif.

 

Lancement d’un dot brand pour le plus gros site e-commerce français

 

En plus du changement de dénomination, la SNCF a annoncé le lancement d’un nouveau site internet : oui.sncf.  La nouvelle marque ayant été plutôt (très) mal accueillie par la webosphère, le changement de site est tout aussi risqué. D’une part, un changement de site internet implique forcément une perte de trafic et un nouveau travail de référencement, ce qui rend la tâche risquée et difficile. D’autre part, changer de site pour utiliser une nouvelle extension internet, encore mal connue des internautes, implique un risque de confusion pour ces derniers.

On ne peut que saluer cette prise de risque de la part de la SNCF, qui suit la tendance de BNPPARIBAS, précurseur sur le lancement d’un site français en dot brand (mabanque.bnpparibas).

 

Compte Twitter de oui.sncf - exemple dot brand
Compte Twitter de oui.sncf

 

Mais alors, c’est quoi un dot brand ? et à quoi ça sert ?

 

Avant 2013, le commun des mortels savait reconnaître des URL grâce à leurs extensions .com, .fr etc. Depuis 2013, en plus de ces 300 extensions existantes, ont commencé à voir le jour des extensions du type .hotel, .pizza, .paris etc.

Ce sont près de 28 millions de noms de domaine qui sont enregistrés, pour 1215 extensions existantes. Parmi les plus enregistrées depuis leur lancement, on compte le .xyz avec plus de 6 millions d’enregistrements, le .top avec 4.5 millions d’enregistrements, le .loan avec 1.7 millions d’enregistrements, suivis par le .win (1.1 millions), le .wang (1 million), .club, .site, .online, .bid, .vip (tous à moins d’un million).

Parmi celles-ci, on trouve des extensions qui correspondent à des marques (.total, .alstom, .bnpparibas, .mango, .sncf etc). Certaines entreprises (dont une trentaine d’entreprises françaises) ont souhaité détenir leur propre extension afin de capitaliser sur leur marque phare. La plupart d’entre elles ont voulu sécuriser leur espace de nommage (limiter les intermédiaires dans la chaîne des acteurs intervenants sur l’enregistrement d’un nom de domaine). Le but aussi est d’avoir un nom de domaine réellement distinctif et rassurant pour le consommateur final. Les marques en ont assez de se battre contre le cybersquatting, cela représente un coût important et ne limite pas suffisamment les dégâts. Le message des marques détentrices d’un dot brand est le suivant : si vous n’êtes pas sur un site en .hermes, c’est que vous n’achetez pas du Hermès. Il va bien sûr falloir évangéliser les internautes afin de redoubler de prudence lors de leur navigation, et cela passe par la vérification du nom de domaine.

Ainsi, et peu importe la raison première de ce choix, SNCF peut être fière de faire partie des premières sociétés françaises à communiquer et utiliser véritablement son .sncf.

Selon le Parisien, le site a généré un chiffre d’affaires de 4,6 milliards d’euros en 2016 et devrait atteindre 5,5 milliards d’euros en 2020. Le nombre de billets vendus en 2016 était de 86 millions, avec des pics jusqu’à 240000 billets par jour. Le nouveau site inclura le moteur d’Intelligence Artificielle pour suggérer le voyage qui correspond le mieux à vos préférences et à votre comportement passé.

Pour l’instant, le nom de domaine oui.sncf est fonctionnel et redirige vers voyages-sncf.com.

Nouvelles extensions : les premiers signes d’une (R)évolution ?

Les stratégies de dépôt de noms de domaine suivent des logiques parfois ardues à comprendre. Cependant, la logique « moutonnière » est celle que l’on peut aisément observer. Lorsqu’Alphabet (Google) a utilisé pour la première fois son nom de domaine ABC.XYZ, une hausse sensible d’enregistrement avec cette extension a pu être observée. Plus qu’un simple enregistrement, ABC.XYZ a créé chez le public, qu’il soit averti ou non, une interrogation sur l’extension utilisée : « tiens, ils ne sont pas en .COM ? ».

 New gTLD - abc.xyz Alphabet Google

 

Le programme des new gTLDs par l’ICANN a engendré de nombreuses réflexions quant aux politiques de nommage sur Internet. Jusqu’alors, ces extensions étaient peu connues du grand public, malgré un intérêt réel des marques pour communiquer sur le sujet : BNP Paribas, Leclerc et même AXA sont des exemples français qui ont opté pour une extension dédiée.

La création des new gTLDs permet l’enregistrement de noms de domaine en cherchant à donner une signification sur l’activité associée, qu’elle soit géographique ou sectorielle. Ainsi, nous pouvons retrouver un peu d’identification à travers l’adage « je lis le nom de domaine et je sais ce qu’il y a derrière ».

Malgré cette opportunité, peu d’entreprises de grande envergure ont opté aujourd’hui pour l’usage d’une nouvelle extension. Et aucune, à ma connaissance, ne supprime son ancienne adresse pour basculer sur la nouvelle. Ce qui peut d’ailleurs paraître logique en soi. Mais les choses qui paraissaient immuables, sont en train de changer.

DXC, entreprise américaine présente au NYSE (https://www.nyse.com/quote/XNYS:DXC) a migré son nom de domaine court, trois caractères, dxc.com vers dxc.technology. Ce sont nos confrères de DNW qui ont annoncé la nouvelle (http://domainnamewire.com/2017/04/12/20-billion-company-uses-new-tld-website/). Cependant, le service d’adresses électroniques n’a, pour sa part, pas encore migré vers la nouvelle extension.

 

New gTLD - dxc.technology
Exemple de dxc.technology

 

Cette information peut paraître de faible importance. Mais ayons en réflexion, l’impact qu’elle va avoir sur les politiques d’utilisation des nouvelles extensions. En clair, cela commence par le fait qu’elles paraissent suffisamment importantes et sûres pour qu’une entreprise y migre. Attendons la suite ! Ce n’est peut-être que le début d’une tendance de fond sur les stratégies de communication et de nommage sur Internet.

La progression des révolutions technologiques est souvent plus lente que celle initialement prévue, mais leur impact est souvent plus important aussi… Affaire à suivre.

Les new gTLD ont-ils de la valeur ?

Lancés en 2013 par l’ICANN après un long et fastidieux programme d’appel à candidatures, les new gTLD (.xyz, .club, .africa, .online etc.) sont désormais implantés dans la « domainosphère ».

Ce sont près de 28 millions de noms de domaine qui sont enregistrés, pour 1215 extensions existantes. Parmi les plus enregistrées depuis leur lancement, on compte le .xyz avec plus de 6 millions d’enregistrements, le .top avec 4.5 millions d’enregistrements, le .loan avec 1.7 millions d’enregistrements, suivis par le .win (1.1 millions), le .wang (1 million), .club, .site, .online, .bid, .vip (tous à moins d’un million d’enregistrements).

Bien que ces extensions ne dépassent toujours pas le nombre d’enregistrements d’un .com qui excède les 5 millions en 2016, et si certains restent encore sceptiques quant à leur réelle utilité, il n’empêche que les new gTLD peuvent vite faire grimper les enchères quand il s’agit de les vendre sur le second marché.

Nous sommes dans une période charnière, 4 ans après leur lancement, dans laquelle les titulaires de nouveaux noms de domaine réalisent qu’ils détiennent parfois des mines d’or. En effet, en 2013, les new gTLD étaient encore mal connus et peu considéraient qu’ils pourraient avoir une utilité. Les enregistrements étaient plutôt réalisés pour protéger une marque contre le cybersquatting.

Aujourd’hui, de plus en plus enregistrent des new gTLD dans un but de communication :

marcel.cab - exemple utilisation de new gTLD
Exemple : marcel.cab utilise un new gTLD pour son site principal et ses emails

 

New gTLD - exemple Le hasard ludique
Exemple d’une salle de spectacle parisienne utilisant un .paris

 

Il s’agit de cette utilisation et de cette communication qui font prendre de la valeur aux noms de domaine.

Il existe d’ailleurs de récentes illustrations. Début 2017, le nom de domaine casino.online s’est vendu plus de 200.000$ sur Sedo, la plus grande plateforme d’enchères de noms de domaine. C’est une très belle opération pour le vendeur, quand on sait que la moyenne de prix de vente d’un nom de domaine sur Sedo est de 500$.

Le .online est dans le top 10 des new gTLD, et de nombreux sites ont été créés, notamment :

New gTLD - exemple Sport Wetten
Sportwetten.online

 

New gTLD - exemple Lending
Lending.online

 

new gTLD - exemple Geeks.online
Geeks.online

 

Il faut savoir que le mot clé « casino online » est l’un des mots clés les plus chers de Grande-Bretagne. Ainsi, détenir un nom de domaine qui correspond à un mot clé très prisé sur le web fournit à son titulaire une opportunité marketing indéniable, et crée une vraie valeur pour la société qui l’utilise.

Le .online bénéficie d’une très bonne visibilité. D’abord, en matière de SEO, les noms de domaine en .online sont les plus visités parmi les new gTLD (source Alexa). Ensuite les sites en .online comptent le plus grand nombre de certificats SSL contrairement aux autres new gTLD. Ceci explique également la raison de sa valeur.

Sortie du .Africa

Après plus de cinq années de tractations et de batailles judiciaires, l’organisation sud-africaine .ZA Central Registry (ZACR) est désormais désignée pour commercialiser l’extension internet « .AFRICA » qui sera ouverte à tous.  Comme présenté par Koffi Fabrice Djossou, membre de UNIFORUM ZACR, les futurs noms de domaine en .AFRICA permettront notamment « la promotion des entreprises, des peuples et de la culture africains sur Internet ». D’ores et déjà, la présidente de la commission de l’Union Africaine, Nkosazana Dlamini Zuma, a salué la fin de cette bataille comme le moment où l’Afrique « a enfin acquis sa propre identité numérique ».

Dot Africa

Mais revenons sur les faits : dans le cadre des appels à candidature aux nouvelles extensions lancés par l’ICANN, ils étaient deux à se revendiquer du .Africa. D’un côté l’opérateur de l’extension nationale sud-africaine .ZA (ZACR). De l’autre une business woman africaine/américaine Sophia Bekele, rompue aux déclarations fracassantes et fondatrice du DotConnectAfrica (DCA).

Au vu du caractère géographique et culturel du .AFRICA, l’extension ne pouvait pas être vendue aux enchères. Pour cela, l’ICANN a exigé que les participants obtiennent l’appui d’au moins 60% des gouvernements de la région concernée. Suite à cela, ZA Central Registry (ZACR) a bénéficié de nombreuses manifestations officielles de soutien (39 gouvernements africains) dont l’Union Africaine, tandis que DotConnectAfrica (DCA) a été l’objet de nombreux courriers s’opposant à cette « candidature dissidente ».

L’ICANN a finalement légué le « .africa » au ZA Central Registry (ZACR), au début de l’année 2014. C’est véritablement à cette période qu’a commencé un marathon judiciaire sans précédent, après que DotConnectAfrica (DCA) ait déposé une plainte contre l’ICANN pour fraude et pratiques commerciales déloyales. DotConnectAfrica (DCA) est allé jusqu’à demander à un tribunal fédéral des États-Unis de bloquer l’organisation de l’attribution du nom de domaine au ZA Central Registry (ZACR), pendant le procès. Si la dernière demande n’a finalement pas été retenue, la plainte contre l’ICANN est toujours en cours…

Cette saga hautement politisée s’est donc terminée le 15 février 2017 mais pour ZA Central Registry (ZACR), le vrai travail commence maintenant : faire du .Africa un réel étendard du continent africain.

Retrouvez plus d’informations sur le site http://nic.africa/ ou contactez Nameshield pour connaître les conditions et périodes d’ouverture à l’enregistrement de votre .AFRICA.