L’Europe décide d’appliquer des sanctions aux cybercriminels hors frontières

L’Europe décide d’appliquer des sanctions aux cybercriminels hors frontières
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Vendredi 17 mai 2019, le conseil des ministres de l’Union européenne a exposé la création d’une liste noire recensant les auteurs de cyber exactions localisés hors frontières.

C’est donc un nouveau cadre juridique qui a été validé par l’UE afin de tenter de faire diminuer le nombre en perpétuelle progression de cyberattaques. A présent, l’UE pourra en effet sanctionner des individus ou des entités impliquées dans les cyberattaques menées depuis l’extérieur.

L’Europe cherche via cette mesure à protéger autant que faire se peut ses infrastructures les plus critiques des cybercriminels, relatives aux systèmes électoraux ou de santé par exemple, en abolissant l’impunité dont semblait jouir les hackers internationaux.

Si aucun nom ne figure aujourd’hui sur cette fameuse liste, la situation pourrait rapidement évoluer.

Récemment, le ministre des Affaires étrangères britannique, Jeremy Hunt, a déclaré que : « depuis trop longtemps, des acteurs hostiles menacent la sécurité de l’Union européenne en perturbant des infrastructures clés, en tentant de déjouer les principes de nos démocraties et en volant des secrets commerciaux et de l’argent se chiffrant en milliards d’euros. Cette décision était donc indispensable. »

Fort est de constater que des cyberattaques menées par des nations, contre d’autres nations ou des entités, tendent à se multiplier. Point important à noter, ces sanctions pourront être rétroactives. A date, les sanctions ne sont pas encore clairement définies : interdiction de voyager dès qu’identifiés, gel des avoirs ? Plusieurs pistes sont actuellement à l’étude.

Cyberattaques, des sanctions annoncées par l’Union Européenne

Cyberattaques, des sanctions annoncées par l'Union Européenne
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Après le succès de l’opération collaborative Power Off, rassemblant plusieurs pays, dont le Royaume-Uni, l’Espagne, le Canada, les USA et les Pays-Bas, épaulée par Europol, ayant conduit au démantèlement de Webstresser.org [l’une des entités responsables de plus de 4 millions d’attaques DDoS dans le monde] en mai 2018, l’Union Européenne a décidé de travailler à la création d’un régime spécifique de sanctions contre les cybercriminels.

Lors du sommet européen du 18 octobre dernier, les dirigeants des 28 états membres se sont prononcés sur des sanctions à l’encontre des pirates informatiques et ce, après la récente tentative de piratage contre l’Organisation pour l’Interdiction des Armes Chimiques (OIAC) à La Haye.

Des accusations contre Moscou

La tentative de piratage en avril 2018 déjouée par les Pays-Bas, visait l’Organisation pour l’Interdiction des Armes Chimiques. Cette dernière aurait été perpétrée par l’agence russe des renseignements militaires ou GRU. Face à cette accusation, Moscou nie cependant toute implication.

Cette cyberattaque contrée s’est jouée au moment même où l’organisation menait une enquête sur l’empoisonnement par une substance neurotoxique au Royaume-Uni d’un ancien agent russe. Malgré le démenti de Moscou, Londres persiste à accuser le GRU d’avoir perpétré cette tentative d’empoisonnement.

Les pays européens se mettent d’accord sur la sanction

Lors d’une conférence de presse, à l’issue du sommet européen, le président du conseil européen, Donald Tusk, a affirmé avoir fait une requête auprès des ministres européens, afin qu’ils élaborent des sanctions spécifiques contre les auteurs de cyberattaques. Cette demande, visant initialement à protéger les entreprises et les internautes, a été validée par les dirigeants des états membres de l’Union Européenne. Selon Donald Tusk, les sanctions constitueront à geler les biens fiscaux des organisations ou des pirates informatiques, et à leur interdire l’accès aux 28 pays membres. Dans l’urgence, 8 états dont le Danemark, les Pays-Bas, la Lituanie, la Lettonie, l’Estonie, la Roumanie, la Finlande et la Grande Bretagne ont imposé à l’Union Européenne de prendre des mesures immédiates pour sanctionner les auteurs de piratages informatiques.

Dans un monde où les cyberattaques pourtant d’envergure semblent souvent rester impunies, les pays membres soulignent l’urgence et l’absolue nécessité d’imposer ces sanctions communes.