ICANN : l’avenir incertain du célèbre WHOIS au cœur du meeting 61 de Porto Rico

ICANN : l’avenir incertain du célèbre WHOIS au cœur du meeting 61 de Porto Rico
Source de l’image: Wokandapix via Pixabay

L’ICANN, organisme international dont l’objectif est de piloter la gestion internationale de l’attribution des noms de domaine et des adresses, vient de partager ses inquiétudes concernant sa base de données. D’après les explications apportées par Akram Atallah à l’AFP, président de la Global Domains Division à l’ICANN, l’organisation internationale craint que les noms de domaine des utilisateurs ne soient confrontés au droit à l’oubli numérique.

Grâce à une base de données baptisée « WHOIS » ou « Qui est-ce », l’ICANN conserve tous les noms de domaine et les renseignements liés à leurs propriétaires comme l’e-mail, les adresses et le téléphone par exemple. Les données WHOIS étant publiques, la mise à disposition de ces informations pose problème dans le cadre de l’application du RGPD.

En effet, au moment où le RGPD, Règlement général sur la protection des données, entrera en vigueur, le 25 mai 2018, les informations présentes dans les WHOIS ne devraient plus, en principe, apparaître ainsi et être conservées…

Des contraintes à prendre en compte

Seules les informations relatives à des individus sont concernées par le RGPD. Toutefois, le fait que des personnes puissent être identifiées d’une manière ou d’une autre dans la base peut poser un grand problème (de nombreuses extensions exigent à l’enregistrement un contact nominatif, quand bien même le titulaire du nom de domaine serait une entreprise).

Pourtant, en parallèle, la transparence sur Internet est de plus en plus sollicitée par les internautes, surtout afin de lutter efficacement contre ceux qui tentent d’influencer l’opinion publique.

D’après Monsieur Atallah, l’ICANN cherche à « trouver un équilibre » compte tenu des contraintes auxquels l’organisme est nouvellement confronté.

En quête d’une solution pour préserver la base de données de l’ICANN

Préoccupé par le fait que le format WHOIS et les informations associées puissent donc enfreindre le nouveau règlement européen, l’ICANN a organisé, lundi, une série de réunions dans le cadre du meeting ICANN 61 à San Juan, Porto Rico : trouver une solution pour préserver le WHOIS était à l’ordre du jour.

D’après les affirmations d’Akram Atallah : « Nous allons essayer de trouver une voie à suivre ». Il a d’ailleurs ajouté qu’ « il y a encore beaucoup de travail, mais nous travaillons le plus vite possible ».

L’ICANN cherche activement des arguments solides qui lui permettront de justifier largement que le WHOIS joue en la faveur de tout un chacun. Akram Atallah a de plus déclaré : « Nous proposons d’essayer de conserver au maximum nos règles actuelles, tout en restant respectueux de la législation ».

Il a indiqué qu’une base de données répartie sur deux niveaux pourrait être la solution. Le premier niveau gardera ses paramètres actuels notamment l’accès au public. Le deuxième niveau serait quant à lui gardé confidentiel, et l’accès uniquement autorisé aux chercheurs, à la police et toute autre organisation présentant une demande légitime : « Nous interrogeons les organismes de protection des données en Europe pour leur demander leur avis sur cette idée ».

Affaire à suivre, et de près.

 

Pour en savoir plus sur le RGPD, découvrez l’article de Maxime Benoist: Actualités de l’ICANN sous le prisme du RGPD.

Tout comprendre sur le Registry lock

Registry lock - Nameshield

Tous se souviennent de l’attaque dont avait été victime le New York Times en 2013. Un groupe de hackers agissant au nom de la SEA, l’Armée Electronique Syrienne (Syrian Electronic Army) avait eu accès aux codes de leur registrar Melbourne IT et ainsi pu modifier les informations DNS de nytimes.com. Le trafic du site a alors été redirigé vers un serveur contrôlé par les pirates.

Cette même attaque n’avait pourtant pas eu d’impact sur Twitter.com, géré par le même registrar mais verrouillé par un Registry lock.

En mars 2014, les hackers de la SEA s’en prennent cette fois à Facebook et tentent de détourner le nom de domaine facebook.com, mais protégé par la mise en place du Registry lock, Facebook a également réussi à déjouer cette cyberattaque.

Si rares sont les attaques rendues publiques, il est à l’inverse notoire qu’il existe une solution simple et efficace pour leur faire face : le Registry lock, comme en témoignent les exemples ci-dessus. Il constitue par ailleurs la première recommandation de l’ANSSI (Agence Nationale de la Sécurité des Systèmes d’Information) dans son guide des bonnes pratiques en matière de sécurité des noms de domaine.

Avec la hausse de la cybercriminalité, il est en effet devenu indispensable de se protéger à tous les niveaux sur Internet. Toutefois, si l’on connait bien les attaques par DDoS, il existe d’autres types de cyberattaques qui ont également des conséquences non négligeables pour une entreprise.

Les attaques par détournement de noms de domaine permettent au cybercriminel de prendre le contrôle du nom, en accédant aux données d’enregistrement, de détourner le trafic des sites web et de le rediriger par exemple vers un site internet frauduleux.

L’impact d’une telle attaque entraîne :

  • une forte dégradation de l’image de l’entreprise
  • une perte de confiance des utilisateurs
  • une perte de chiffre d’affaires
  • une perte de données confidentielles ou stratégiques

Qu’est-ce que le Registry lock ?

Il s’agit d’une mesure de sécurité ayant pour objectif de lutter contre ces attaques en verrouillant les opérations possibles sur les noms de domaine.

Ce service permet ainsi à un titulaire de nom de domaine d’indiquer au registre qu’il désire le verrouillage des informations relatives à son nom de domaine. Pour modifier les données d’un nom sécurisé par un registry lock, le registrar doit alors faire une demande de déverrouillage auprès du registre, qui sera validée après un processus d’authentification.

Le Registry lock permet donc de protéger un nom de domaine en verrouillant différentes opérations telles que la modification de serveur DNS, le changement de titulaire ou la modification de contact, le transfert ou même la suppression d’un nom de domaine.

Ce mécanisme de sécurité s’exécute par le biais de procédures manuelles fortement sécurisées, et offre une protection supplémentaire aux noms de domaine stratégiques.

 

Principe de déverrouillage auprès du registre :

Registry Lock - Principe de déverrouillage

 

 

Selon l’Afnic, le registre de l’extension .fr, le Registry lock est encore trop peu utilisé bien que les attaques par détournement de noms de domaine se soient multipliées. En effet, depuis le lancement de leur Registry lock, le .Fr Lock en 2015, sur 400 bureaux d’enregistrement accrédités Afnic, seuls 20 proposent ce service à leurs clients et moins d’une centaine de noms sont aujourd’hui verrouillés par le .Fr Lock.

Retrouvez le dossier thématique détaillé de l’Afnic sur le .Fr Lock avec une interview de Nameshield :

Afnic - Dossier thématique .Fr Lock
Afnic – Dossier thématique .Fr Lock