Important : information relative à la situation en Russie, Biélorussie et Ukraine.
Au regard de la situation géopolitique en Ukraine, nous tenons à vous informer que de nombreuses autorités de certifications suspendent l’émission et la réémission de tous les types de certificats affiliés à la Russie et à la Biélorussie.
Cela inclut la suspension de la délivrance et de la réémission de certificats liés aux TLDs de la Russie et de la Biélorussie, à savoir .ru, .su, .by, .рф, ainsi qu’aux organisations ayant des adresses en Russie ou en Biélorussie. Nous vous tiendrons informés dès le retour à la normale.
Par ailleurs, nous constatons une augmentation importante des attaques par phishing. Nous vous invitons à une vigilance accrue, en surveillant notamment les nouveaux dépôts de noms de domaine reprenant vos marques.
Nameshield se tient bien sûr à votre disposition pour vous accompagner et vous conseiller dans ce contexte complexe.
Dans un précédent article de Lucie Loos daté du 21 février dernier, il avait été évoqué l’étude par la Douma, la chambre basse du Parlement russe, d’un projet de loi qui a pour objectif de créer en Russie un « Internet souverain ». Cette loi permettrait ainsi au pays de fonctionner de manière indépendante s’il était coupé des grands serveurs mondiaux, en créant un système DNS interne au pays qui assurerait la liaison entre les adresses web et les adresses IP des serveurs web correspondants sans reposer sur les serveurs root de l’Internet mondial.
Mercredi 1er mai 2019, Vladimir Poutine a donc signé cette
loi sur l’ « Internet souverain » dont l’entrée en vigueur est
prévue pour novembre 2019.
Internet souverain : Sécurité informatique ou contrôle d’Internet ?
La loi prévoit ainsi la création
d’une « infrastructure permettant d’assurer le fonctionnement des
ressources Internet russes en cas d’impossibilité pour les opérateurs russes de
se connecter aux serveurs Internet sources étrangers ».
Les fournisseurs d’accès à Internet
russes devront mettre en place sur leurs réseaux des «moyens techniques»
permettant un «contrôle centralisé du trafic» afin de faire face à d’éventuelles
cyberattaques en provenance des puissances étrangères. Un contrôle qui passera
par Roskomnadzor, l’agence de surveillance des télécoms et médias russes, qui a
souvent été l’objet d’accusations concernant des blocages arbitraires de
contenus web ainsi que par les services spéciaux russes (FSB).
Officiellement, l’Internet
souverain serait conçu avec pour objectif la sécurité informatique, mais selon
plusieurs experts, il s’agirait d’un prétexte. Cette loi est critiquée et jugée
par de nombreux militants comme une tentative de contrôler
les contenus web et d’isoler progressivement l’Internet russe dans un contexte
de pression croissante des autorités sur la liberté d’expression sur Internet.
Plusieurs manifestations contre cette loi ont été organisées à Moscou et ont rassemblé des milliers de Russes en mars dernier. Quelques semaines plus tard, dans un communiqué commun, plusieurs organisations internationales de défense des droits de l’homme et de la liberté d’expression, dont Reporters Sans Frontières et Human Rights Watch ont appelé Vladimir Poutine à ne pas promulguer cette loi qui est « contraire aux engagements internationaux de Moscou en matière de respect des droits humains, et menace en particulier la liberté de la presse et le droit à l’information des citoyens russes ». Malgré cela, le président russe n’en a pas tenu compte et la loi a ainsi été signée le 1er mai 2019 et entrera en vigueur dès novembre prochain.
Le 13 février 2019, la Douma (la chambre basse du Parlement russe) a commencé à étudier un projet de loi ayant pour objectif de créer en Russie un « Internet souverain », entendez par là une capacité à fonctionner de façon totalement indépendante si la Russie se voyait coupée des grands serveurs mondiaux. Pour ce faire, il conviendra de créer une “infrastructure permettant d’assurer le fonctionnement des ressources Internet russes en cas d’impossibilité pour les opérateurs russes de se connecter aux serveurs Internet sources étrangers”.
Les fournisseurs d’accès à
Internet (FAI) devront mettre en place sur leurs réseaux des systèmes
permettant un « contrôle centralisé du trafic ».
Les mesures proposées permettraient donc à l’Internet russe (RuNet) de garantir le bon fonctionnement de la partie russe de l’Internet. En d’autres mots, le test permettra à la Russie de s’assurer que ses réseaux domestiques peuvent fonctionner en toute autonomie.
Une réponse aux menaces de sanction ?
Si la Russie en parle comme d’une garantie de maintien de disponibilité en local, en cas de cyberattaque d’envergure notamment, ce projet de loi est également et clairement présenté comme une réponse « au caractère belliqueux de la nouvelle stratégie américaine en matière de cybersécurité adoptée en septembre 2018 » [citant la Russie comme une menace]. En effet, la Russie fait l’objet de plusieurs accusations relatives aux cyberattaques et au cyberespionnage (perturbations des élections présidentielles américaines en 2016 – exhortation de Stuart Peach, chef d’état-major de la Défense britannique à l’OTAN de prendre des mesures contre la Russie en décembre 2017, après que des sous-marins russes aient été repérés à proximité des câbles sous-marins de l’Atlantique qui transportent les communications entre l’Europe et les USA – le ministre de la Défense britannique Gavin Williamson accuse également la Russie en janvier 2018 d’espionner les infrastructures critiques de son pays avec pour objectif de créer un « chaos total » qui pourrait « causer des milliers et des milliers de morts », etc.) L’OTAN et ses alliés ont donc menacé de punir la Russie pour ces cyberattaques.
C’est dans ce contexte que la
Russie est en train de planifier un test grandeur nature de déconnexion du
réseau Internet mondial.
Un test grandeur nature
Ce test est préparé depuis plusieurs années par les autorités russes, qui ont d’ailleurs prévu une sauvegarde locale du DNS (testée en 2014 et en 2018). La loi prévoit en effet la création d’un système DNS interne au pays, qui assurerait la liaison entre les adresses web et les adresses IP des serveurs web correspondants, sans reposer sur les serveurs root de l’Internet mondial.
Validé par le président Poutine, le projet de loi a toutes les chances d’être rapidement adopté, malgré les réticences de certains organes du gouvernement, hostiles notamment aux dépenses potentielles engendrées. De leur côté, les FAI russes semblent en accord avec le projet de loi, comme indiqué par la presse russe, mais ne valident pas pour autant, à date, la mise en œuvre technique de ce dernier qui risquerait de créer de très importantes perturbations et autres ruptures du trafic en Russie.
Bien sûr, il est aisé de voir
également que cette expérience testera en parallèle la capacité des FAI à
diriger les données vers des points de routage maîtrisés par le gouvernement
russe, puisqu’un filtrage y serait mis en place pour arrêter l’acheminement des
données vers des serveurs étrangers.
La Russie se dirigerait-elle vers
un système de filtrage du trafic, au-delà d’assurer une sorte d’intranet
national assurant une connexion opérationnelle à l’intérieur des frontières
même en cas de cyberattaque massive ? Cela n’est pas sans rappeler le
grand pare-feu chinois (projet de surveillance et de censure d’Internet géré
par le ministère de la Sécurité publique de la république populaire de Chine, initié
en 1998 et dont les activités ont débuté en novembre 2003).
Le test russe pourrait avoir lieu
le 1er avril 2019. Affaire à suivre.
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