Le 14 juin 2018 se tenait une conférence organisée par l’EBG, sur le thème des alternatives au géant Google, et plus globalement aux GAFA. Y étaient présents des ambassadeurs de la réussite française : Arno Pons (DG de l’agence 5ème Gauche), Mathieu Llorens (DG d’AT Internet), Xavier Perret (CDMO d’OVH), Geoffrey La Rocca (DG de Teads), ainsi qu’Antoine Jouteau (DG de LeBonCoin).
En cette année de RGPD, la position de leader de Google pose plus que jamais la question sur la protection de nos données, mais pas seulement. Sa position dominante est de plus en plus contestée par les entreprises européennes, qui critiquent une concurrence déloyale. À la question « qu’est-ce qui vous différencie des GAFA ? », les orateurs répondent l’indépendance, la maîtrise totale des données, l’expertise forte dans un secteur en particulier.
Comment analysent-ils le succès des GAFA ? L’exemple Google
Le premier facteur de réussite de Google, selon Mathieu Llorens, est sa gratuité. Elle permettrait au géant américain de détruire tous les écosystèmes dans lesquels il s’introduit : publicité, médias, moteur de recherche. Après son installation dans le secteur, la monétisation démarre pour obtenir des services de plus grande qualité. C’est ce qui permet à Google, selon le DG d’AT Internet, de ne laisser aucune chance à ses concurrents. Le second facteur, sur lequel tous les intervenants s’accordent, est la faculté de Google d’être à la fois fournisseur et concurrent de ses clients. Son positionnement ambigu fait de la société une menace omniprésente.
Quel phénomène est le plus dangereux dans l’hégémonie des GAFA ?
Pour tous les participants à la table ronde, l’enjeu démocratique est fort. Mathieu Llorens démontre le lien réel entre l’augmentation du chiffre d’affaires de Google et la diminution des emplois dans le domaine des médias. Il est soutenu par Geoffrey La Rocca qui soutient que l’Etat se doit d’investir auprès de ce secteur. Antoine Jouteau, lui, pointe le risque de « trop » de diversification des acteurs américains, phénomène par ailleurs déjà enclenché. Tous les intervenants s’accordent sur les efforts établis par les entreprises européennes à l’occasion de la RGPD, qui démontrent une volonté de gestion propre des données personnelles. Xavier Perret et Antoine Jouteau insistent sur la différence de vision sur la protection des données entre les Etats-Unis et l’Europe. Un des phénomènes les plus dangereux causé par la montée exponentielle des GAFA est la surutilisation des données personnelles dans le but de développer des services annexes.
Comment faire sa place en tant qu’entreprise française ?
Selon Antoine Jouteau, l’Europe tient un rôle primordial dans la protection de ses acteurs : la responsabilité n’est pas uniquement française. Dans un premier temps, les GAFA doivent être mis sur un pied d’égalité en ce qui concerne les taxes, afin de ne pas défavoriser les entreprises européennes. Le Directeur Général de LeBonCoin insiste sur l’importance du regroupement des acteurs français/européens pour peser dans le débat public. Aller défendre seul les intérêts du numérique auprès des instances européennes est vain, selon lui. Le rôle des dirigeants d’entreprise est d’assurer la compréhension des enjeux d’une omniprésence des GAFA. Xavier Perret, lui, parle d’une cohérence à adopter pour défendre les services européens en les privilégiant dans la vie quotidienne.
Les intervenants présents à l’EBG confirment tous la prise de conscience en cours chez les entreprises françaises, et alertent sur le rôle de chacun dans la promotion de l’utilisation des services européens.