1983 : on crée le DNS, Domain Name System. Deux ans plus tard, les premiers ccTLDs, codes pays, sont créés selon la norme ISO 3166-1 alpha 2. Chacun peut revendiquer son droit sur un code pays s’il a un intérêt légitime. Cette condition floue amène de nombreux pays à être spoliés de leur droit à la territorialité numérique : la France aura du mal, mais réussira, à gérer l’extension des Terres Australes et Antarctiques Françaises.
Dans la France outre-marine, c’est globalement l’échec. Si l’INRIA, laboratoire français, a demandé à gérer le .FR, peu de cas a été fait du reste. Aujourd’hui Guadeloupe, Martinique, Guyane française ont leurs extensions gérées par des entreprises étrangères à l’État. Pour le reste, c’est l’AFNIC, qui s’en charge, selon l’article L45 du code des postes et communications électroniques. Pour Saint Martin, Clipperton et Saint Barthélémy, personne ne s’en charge, malgré la volonté de « Saint Barth’ » que l’AFNIC le fasse. Tout ceci est de notoriété publique.
Dans notre cas, avec une démocratie française, on peut penser que l’intérêt de l’État est supérieur à celui des entreprises privées. On peut donc faire confiance à l’AFNIC pour gérer nos extensions régionales. Mais dans d’autres, la question se pose. On l’a vu récemment lors des manifestations pro-Catalogne et les actions du gouvernement Espagnol contre l’association gérant le .CAT.
Dans le cas d’autres territoires, la question se pose également. En Afrique, où la géopolitique évolue constamment, bon nombre d’utilisateurs préfère enregistrer un .COM, en perdant certes la notion de territorialité numérique, mais en s’assurant de bénéficier d’une résilience, l’entreprise gérant le .COM étant reconnue comme fiable.
Comment savoir si l’on peut se fier à un TLD ? Trois règles à suivre :
- Regarder qui gère l’extension : entreprise, association ou État, il est nécessaire de consulter le site de l’IANA, succursale de l’ICANN qui gère l’affectation des extensions ;
- Faire une veille sur l’actualité mondiale : au Congo, c’est tendu en ce moment, au Zimbabwe où la situation reste confuse, on peut clairement imaginer des actions coercitives à l’encontre de l’extension .ZW ;
- Suivre régulièrement les articles de ce blog : Nameshield vous informe et vous conseille dans le choix de vos extensions.
Gardons à l’esprit qu’Internet suit la règle du monde : tout évolue et rien n’est résilient avec une garantie aveugle de fonctionnement : une centrale nucléaire en France qui s’arrête aura des conséquences sur le réseau, une prise de pouvoir dans un pays aura une incidence sur les noms de domaine. Quant à une guerre, vous imaginez bien que les États se feront un plaisir de censurer les communications tel récemment en Égypte et il y a bien longtemps en France.